Deadpool, la collection qui tue !

Publié le 30 mai 2019
Deadpool © Marvel Entertainment.

Deadpool, la collection qui tue ! Tel est le slogan (mortel) de la série de rééditions Panini proposée par l’éditeur Hachette. Deadpool est un personnage de comics inventé par Fabian Nicieza et Rob Liefeld. Ses différentes séries ont été éditées en français chez Panini, et reprises récemment dans une grande collection chez Hachette dont le packaging éditorial est assuré par MAKMA. Nous avons posé quelques questions à Gaël Legeard, Benjamin Rivière et Mathieu Auverdin, respectivement traducteurs du rédactionnel de Deadpool, la collection qui tue et de différents comics de l’univers de Deadpool.

Gaël Legeard traduit le rédactionnel de Deadpool, la collection qui tue

Gaël, tu t’occupes de la traduction du rédactionnel de cette collection. Peux-tu nous expliquer ton travail ?

Gaël Legeard : Alors, en bref, je traduis tout ce qui se trouve dans l’ouvrage, hormis les comics en eux-mêmes, ce qui inclut la couverture, la quatrième de couverture (avec le résumé), l’introduction écrite par Ed Hammond (l’éditeur Marvel de Panini UK), les crédits, les titres de couvertures, mais aussi toutes les interviews, les présentations de personnages, les commentaires de galerie de croquis ou de couvertures, etc.

Que penses-tu de Deadpool en tant que personnage ?

Gaël Legeard : C’est un personnage que j’apprécie beaucoup, et ce depuis plusieurs années. J’aime son côté décalé et son humour potache. Qui plus est, ce n’est pas un comic book classique : quand on lit du Deadpool, c’est vraiment un univers un peu à part. Il apporte quelque chose au monde des comics qu’il est l’un des rares à pouvoir apporter. Le fait qu’il soit complètement timbré permet aux auteurs de tenter de nouvelles choses, et de raconter des histoires différentes de tout ce qui a déjà été réalisé. De plus, le fait qu’il soit conscient qu’il est un personnage de comics (même si cette caractéristique n’était pas présente dès sa création) amène un paquet de gags en tout genre.

En outre, je suis un grand fan des mutants, et j’ai vraiment adoré les rencontres entre Cable et Deadpool (dans la série de Fabian Nicieza), et entre le Mercenaire Disert et la X-Force.

Que peux-tu nous dire sur Deadpool, la collection qui tue ?

Gaël Legeard : C’est une collection parfaite pour qui voudrait lire Deadpool ! Elle comprend une liste presque exhaustive de tout ce qui a été fait sur le personnage depuis près de 30 ans (eh oui, déjà presque 30 ans, le personnage ayant vu le jour dans le chapitre 98 de The New Mutants en février 1991). Par ailleurs, la collection comprend plusieurs cadeaux vraiment sympathiques (comme un serre-livre à l’effigie de Deadpool, le DVD du film de Tim Miller, ou encore un mug), mais aussi des interviews des auteurs (scénaristes et artistes), des fiches récapitulatives, des galeries de couvertures, des croquis, et tout un tas d’autres bonus !

Quelles difficultés as-tu rencontrées en traduisant le rédactionnel accompagnant Deadpool, la collection qui tue chez Hachette ?

Gaël Legeard : Pour le coup, la seule vraie difficulté que j’ai lorsque je traduis le rédactionnel de Deadpool, c’est quand un jeu de mots ou une blague n’est pas littéralement traduisible. Le gros problème, c’est que cela fonctionne généralement très bien en anglais. Mais une fois passé en français, il n’y a ni jeu de mots, ni gag. Dans ce cas-là, il faut réfléchir pour trouver une blague qui collerait le plus possible à ce qui est dit dans la version originale (pour ne pas dénaturer le texte de base), et qui serait aussi drôle et cohérente avec le reste du texte. C’est parfois assez complexe.

Sinon, dans l’un des tomes de Deadpool, la collection qui tue, il y avait un résumé présenté comme un poème. Il a donc fallu que je réécrive une poésie tout en gardant les éléments clés du résumé. Sans être forcément compliqué, cela reste un exercice de style particulier.

Deadpool, la collection qui tue : recommandée par de grandes marques de cercueils.
Deadpool, la collection qui tue chez Hachette. Deadpool © Marvel.

Benjamin Rivière traduit les comics spéciaux de Deadpool

Benjamin, tu fais partie du pool de traducteurs qui travaille sur l’adaptation VF des comics Deadpool. Tu peux nous en dire davantage ?

Benjamin Rivière : J’ai traduit pas mal de mini-séries, séries secondaires et épisodes spéciaux de Deadpool. Je peux citer la série Cable & Deadpool, les différentes mini-séries écrites par Cullen Bunn, dont Deadpool massacre les classiques et Deadpool massacre Deadpool.

J’ai aussi eu la chance de traduire la toute première mini-série Deadpool et de me replonger dans les origines du personnage. À l’époque, il n’avait pas du tout le côté comique qui casse le quatrième mur qu’on lui connaît aujourd’hui. Je me suis vraiment amusé sur ces différents albums de comics.

Mathieu Auverdin, traducteur de comics dans le nouveau magazine Deadpool

Mathieu, toi aussi, tu traduis des séries de comics liées au personnage de Deadpool ?

Mathieu Auverdin : Oui, je m’occupe depuis quelques mois de l’adaptation du nouveau magazine Deadpool contenant plusieurs séries Deadpool écrite par Skottie Young, Domino écrite par Gail Simone où Deadpool ne fait qu’une brève apparition à l’anniversaire de l’héroïne (eh ouais, entre mercenaire, on aime faire la fête, visiblement), Deadpool Assassin (une mini-série bourrée d’action écrite par Cullen Bunn et dessinée par Mark Bagley) et Spider-Man/Deadpool (qui réunit donc deux des héros les plus bavards de l’univers Marvel). J’ai donc ma dose mensuelle de traduction de Deadpool avec tout ce que ça implique d’humour et d’action. Ça se passe donc très bien.

Le héros le plus fun de l’univers Marvel

Tous les deux, vous avez rencontré des difficultés particulières en traduisant les comics de Deadpool ?

Benjamin Rivière : Deadpool, la collection qui tue, reprend les traductions de plusieurs des albums Deadpool sur lesquels j’ai travaillé ces cinq ou six dernières années. Les difficultés, ce sont évidemment celles inhérentes à la traduction de séries humoristiques, avec tous ces jeux de mots et les transpositions de références obscures, toujours dans les limites imposées par la taille des bulles. En plus, comme à une période, il devait sortir en V.O. pas loin de 4 ou 5 comics Deadpool par mois, il fallait rester raccord entre traducteurs tandis qu’on travaillait tous simultanément sur les différentes séries. Comme Deadpool, c’est évidemment très bavard, ce n’est pas forcément le héros Marvel le plus facile à traduire. Par contre, c’est sans conteste le plus fun.

Mathieu Auverdin : Effectivement, la principale difficulté quand on traduit Deadpool, c’est de vraiment adapter l’humour. Certaines blagues écrites par les scénaristes ne fonctionnent pas en français. Elles sont basées sur des références à la culture américaine qui peuvent être trop obscures pour être retranscrites telles quelles. Une autre difficulté inhérente au magazine Deadpool, qui est une anthologie, c’est que toutes les séries ne sont pas écrites par les mêmes scénaristes. Je dois donc faire en sorte que Deadpool conserve la même voix de série en série.

Après, c’est plus sur le plan personnel. Je suis fan de l’humour et des sous-entendus grivois. Si Deadpool permet d’en rajouter une couche niveau humour, les scénaristes ne jouent pas vraiment sur le registre du graveleux. Mais bon, dans le troisième épisode, Deadpool a un énorme canon (mais gigantesque, hein). Je n’ai donc évidemment pas pu m’empêcher de placer l’expression « envoyer la purée ».

Deadpool : le personnage Marvel de tous les possibles

En tant que lecteurs de comics, que pensez-vous de Deadpool ?

Benjamin Rivière : J’aime beaucoup Deadpool depuis son virage comique avec le run de Joe Kelly à la fin des années 90. C’est à partir de là qu’il part dans tous les sens. Et c’est ce qui fait tout le sel du personnage. On peut lui faire massacrer tout l’univers Marvel, multiplier les versions alternatives ou le plonger en pleine saga zombie, tout fonctionne. C’est vraiment le personnage Marvel de tous les possibles. C’est ce qui le rend aussi accessible et divertissant. De plus, c’est souvent méchamment gore, ce qui ne gâche rien.

 

Deadpool la collection qui tue.

 

Mathieu Auverdin : Moi, ça me fait marrer. C’est un défouloir à prendre au 46e degré. La mini-série Deadpool Assassin, avec son rythme hyper soutenu et ses membres tranchés qui volent dans tous les sens, est parfaite pour ça. Sans oublier son quota de blagues et d’instants où Deadpool brise le quatrième mur.

Deadpool : une série comics barrée et loufoque

Y a-t-il des scènes ou des épisodes de Deadpool qui vous ont particulièrement marqués ?

Benjamin Rivière : Les deux trilogies, celle qu’on surnomme la “massacrologie” et celle avec les morts-vivants, m’ont vraiment éclaté. Je me suis aussi pris au jeu avec la série Cable & Deadpool et j’étais content de retrouver cette relation si particulière entre les deux personnages dans le film Deadpool 2. Mais, si je ne devais garder qu’un seul album parmi ceux que j’ai traduit, je dirais sûrement Deadpool massacre les classiques pour son concept bien barré et bien vu.

Mathieu Auverdin : La première histoire de la série Deadpool par Skottie Young, dans laquelle le mercenaire doit éliminer  avec son gros canon une sorte de Galactus qui vomit partout est très sympa. Le huitième épisode, dans lequel il doit tuer une propriétaire de parc d’attraction, s’avérant être une sorte de cochon de cartoon, m’a permis de me lâcher sur le champ lexical du porc et du gras. Comme je l’ai dit, je trouve Deadpool Assassin vraiment génial de par son rythme.

Un petit mot pour résumer l’esprit des comics Deadpool ?

Mathieu Auverdin : Barrée. Il n’y a pas vraiment d’autre terme. Enfin, si, on pourrait balancer tous les synonymes. C’est un personnage loufoque donc la série l’est forcément.

Benjamin Rivière : Chimichanga !

 

Deadpool, la collection qui tue.