Samuel Ménétrier : de graphiste publicitaire à auteur BD

Publié le 15 août 2019

Auteur BD, Samuel Ménétrier répond à nos questions sur sa carrière débutée dans le graphisme publicitaire avant de rejoindre l’équipe MAKMA comme dessinateur.

Sam, tu as illustré un jeu vidéo et tu es aussi le créateur d’une affiche pour le festival i’NOV. Quels sont les enjeux et les défis auxquels un bédéaste comme toi doit faire face ?

Samuel Ménétrier : Le but principal est tout d’abord de satisfaire le commanditaire, bien entendu. Il est aussi essentiel de respecter les délais afin que les autres acteurs de la chaîne de production BD puissent faire leur travail, notamment les coloristes, les lettreurs et les imprimeurs.

En tant qu’auteur BD, as-tu déjà travaillé sur des projets qui ne te tenaient pas vraiment à cœur?

Samuel Ménétrier : Dans l’absolu chaque projet d’illustration me tient à cœur, dans la mesure où le métier de dessinateur est un métier de passion. Évidemment, certains projets sont plus ou moins fun à réaliser : il est plus sympa de faire de la BD fantasy ou SF que de la BD d’entreprise par exemple. Mais cela reste toujours un plaisir de dessiner !

Peux-tu nous récapituler les ouvrages dans lesquels tu as œuvré comme auteur BD chez MAKMA ?

Samuel Ménétrier : Ma première BD chez MAKMA fut Bayou Girl, un comic book scénarisé par Ed Tourriol. J’ai vraiment aimé faire ce livre car c’était un véritable projet d’auteur. De plus c’était du super-héros – enfin, héroïne – avec une pointe de mysticisme vaudou : un univers vraiment cool. Ensuite, j’ai travaillé sur l’adaptation BD du jeu Urban Rivals : Sentinel Stories, également scénarisé par Edmond Tourriol. De la pure BD d’action avec des scènes de baston hyper sympa à dessiner ! Puis j’ai travaillé sur La Brigade des inventifs, un album jeunesse qui m’a donné l’occasion de sortir un peu du style U.S.

La fée fourchette by Samuel Ménétrier
La Brigade des Inventifs (Illustration: Samuel Ménétrier).

 

Par la suite, j’ai dessiné Les Sociétés Secrètes, une BD documentaire scénarisée par Stephan Boschat et publiée aux éditions Dargaud. Après ça, j’ai fait le livre-jeu  Cherche les Légendaires  en collaboration avec Patrick Sobral aux éditions Delcourt et enfin, l’adaptation de la série de romans Malenfer écrits par Cassandra O’Donnell  dont je viens de terminer le tome 3 chez Flammarion Jeunesse.

Travailler chez MAKMA, cela n’était-il pas en quelque sorte un tremplin pour ta carrière ?

Samuel Ménétrier : Carrément ! MAKMA m’a tout de suite fait confiance et m’a rapidement confié des projets de plus en plus intéressants et gratifiants. Je pense que grâce au studio MAKMA, j’ai gagné mon titre d’auteur BD professionnel !

Quels ont été tes projets BD les plus excitants?

Samuel Ménétrier : Bayou Girl pour les raisons exprimées plus tôt ainsi que Malenfer, car c’est ma première série et que les romans sont vraiment au top !

Bayou Girl : la fille du bayou.
Bayou Girl © Edmond Tourriol & Samuel Ménétrier.

 

Et les plus difficiles, s’il y en a eu ?

Samuel Ménétrier : Je ne parlerai pas de difficulté techniquement, mais Cherche les Légendaires  était vraiment épuisant. Tous ces personnages à dessiner, c’était fou !

Dans une interview sur tes influences en tant qu’auteur BD, tu abordais naturellement les comics. En dehors de cet univers typiquement connoté américain, as-tu toutefois des influences plus « classiques », voire chauvines ?

Samuel Ménétrier : Je suis un immense fan de Loisel notamment de La quête de l’oiseau du temps, et également de Jeff Smith et de son Bone. Certes, c’est américain mais, ça n’est pas du super-héros.

Je citerais aussi sans hésiter la série Percevan de Philippe Luguy qui est fabuleuse, ainsi que De cape et de crocs d’Ayroles et Masbou. J’adore les travaux des auteurs BD que sont Varanda, Hub, Crisse, Marini… Ah si ! J’allais oublier la série culte Légendes des contrées oubliées de Ségur et Chevalier qui m’a beaucoup marqué aussi.

Tu as illustré l’exposition Les Inventifs. André Franquin est lui-même connu pour ses inventions étonnantes et ses techniques de lettrage peu ordinaires. Utilises-tu toi aussi des techniques peu conventionnelles dans tes illustrations ?

Samuel Ménétrier : Eh bien, je vais te décevoir, mais non. Je suis un dessinateur BD tout à fait classique et je bosse tout en tradi au crayon et au feutre. Je ne me sers du numérique que pour scanner mes planches et faire quelques menues retouches d’image.

La question ne semble pas souvent être posée, mais travailler avec un coloriste, une lettreuse, ou encore voir tes dessins être parachevés par quelqu’un d’autre, cela ne peut-il pas paraître frustrant ? Ne faut-il pas apprendre à lâcher prise ou à ne pas vouloir tout contrôler de son art quand on travaille dans la BD ?

Samuel Ménétrier : Travailler en équipe est quelque chose qui ne m’a jamais dérangé. Bien au contraire, c’est plutôt enrichissant, d’autant que parfois, on n’a pas le choix, pour des raisons de délais. Vouloir tout contrôler n’est pas dans mon état d’esprit, mais je respecte totalement les artistes qui ont une vision très personnelle et exclusive de leur travail.

Sur quels projets travailles-tu actuellement, outre Malenfer ? Y a-t-il des surprises que tu nous réserves avec MAKMA ?

Samuel Ménétrier : Je viens de terminer Malenfer. J’espère que l’adaptation BD sera un succès pour donner envie à l’éditeur d’adapter le second cycle de la série. Sinon, je dessine Emma & Enzo, une courte BD de trois pages dans le magazine jeunesse Pandacraft, à paraître très bientôt. On réalise un essai sur trois épisodes avant de décider d’aller éventuellement plus loin en 2020.

La BD Malenfer est illustrée par Samuel Ménétrier sur un scénario de Cassandra O'Donnell. Colorisation BD : Fred Vigneau.
Malenfer © Flammarion.

 

Intéressant : il faudra revenir nous en parler à la fin de cette publication test ! Sinon, quelle a été ta plus belle expérience dans le monde de la BD ?

Samuel Ménétrier : Pour faire original, je dirais dessiner les trois tomes de Malenfer car cela faisait longtemps que je rêvais de dessiner une série fantasy !