Mathieu Auverdin, responsable éditorial de L’Histoire de France en BD

Publié le 04 mai 2020
Portrait Mathieu Auverdin, Séminaire Makma (Photo : Jean-Baptiste Merle)

Responsable éditorial de L’Histoire de France en Bande Dessinée, Mathieu Auverdin est bien placé pour nous parler du travail énorme demandé à l’équipe MAKMA pour l’accomplissement de ce projet pharaonique qui est loin d’être terminé, puisqu’il y aura soixante albums dans cette grande saga. Nous lui avons demandé de nous présenter son rôle et les particularités de cette collection.

Mathieu, peux-tu nous expliquer ton travail en tant que responsable éditorial de L’Histoire de France en BD ?

Mathieu Auverdin : Bien sûr ! Ma mission consiste, pour chaque album, à sélectionner les différents intervenants jusqu’au stade de l’encrage. Donc le scénariste (quand l’équipe MAKMA rédige les scénarios) et le dessinateur. À déterminer leurs plannings. Puis à les accompagner en veillant à ce que les délais soient tenus, en répondant à leurs questions et en contrôlant leur travail (est-ce qu’il correspond à ce qu’attend l’éditeur, la qualité des pages de script ou des planches dessinées est-elle au rendez-vous…). Une fois que tout ça est fait, j’envoie le travail en approbation chez Hachette Collections qui approuve le travail ou me renvoie ses commentaires. Je les fais alors passer aux intervenants et je vérifie qu’ils ont bien respecté les consignes. Il faut préciser qu’Hachette demande un gros travail de documentation et de respect des références. Je fais donc en sorte que lesdites références soient respectées, pour qu’il n’y ait pas d’anachronisme.

Qu’est-ce qui t’a convaincu d’être en tête de ce projet et d’accepter le rôle de responsable éditorial de L’Histoire de France en BD ?

Mathieu Auverdin : J’ai effectué des stages d’éditeur il y a quelques années. Je suis devenu traducteur de comics à plein temps ensuite, mais lorsque l’occasion s’est présentée de remplir cette mission de supervision éditoriale, je l’ai saisie. Ça me permet de varier un peu ce que je fais et de valider d’autres compétences.

Quelles sont les tâches de MAKMA pour la réalisation de cette série ?

Mathieu Auverdin : MAKMA est chargé de fournir les albums clé en mains à Hachette. Soit nous recevons les scénarios et références visuelles et enchaînons derrière avec les dessins, l’encrage, la colorisation et le lettrage, soit nous fournissons nous-mêmes le script et le corpus documentaire.

Histoire de France en BD : soixante albums signés MAKMA. Mathieu Auverdin est le responsable éditorial de la collection Histoire de France en bande dessinée.
60 albums pour découvrir l’histoire de France en BD !

 

Nous sommes aussi chargés de l’illustration des couvertures de cette collection.

Pour un projet de cette ampleur, comment est-ce que l’équipe MAKMA s’organise ?

Mathieu Auverdin : Nous avons établi un planning type pour un album qu’Hachette a validé en fonction des délais de corrections chez eux et des dates d’envoi à l’impression (date fatidique à laquelle le fichier haute définition de chaque album doit être complètement terminé).

Le responsable éditorial de L’Histoire de France veille à ce que chaque album soit réalisé de A à Z

De notre côté, nous avons établi plusieurs processus pour nous assurer que chaque étape (scénario, dessin, encrage, colorisation, lettrage…) suive son cours sans accroc. Chaque album est donc découpé en plusieurs phases qu’il faut gérer chacune à son tour. Pour cela, nous nous aidons de tableaux de suivi. Lorsque les choses se précipitent, nous devons gérer plusieurs étapes en même temps et c’est un peu sport. Ça, c’est le cas pour un album. Comme nous suivons beaucoup d’albums en même temps, qui en sont à des stades d’avancement différents, eh bien, nous devons faire attention à l’avancée de chaque album. C’est mon rôle en tant que responsable éditorial de L’Histoire de France en BD.

Quelle sorte de dialogue as-tu établi avec l’éditeur ?

Mathieu Auverdin : Nous travaillons en bonne intelligence avec Hachette Collections. Les éditrices répondent à nos questions et lorsqu’elles nous demandent des modifications, nous les effectuons ou discutons avec elles.

L’aspect historique de la série a-t-il posé des problèmes ?

Mathieu Auverdin : Ça pose forcément des difficultés, car nos intervenants et nous ne sommes pas forcément des experts en histoire. D’ailleurs, chaque album est supervisé par un historien pour en assurer le réalisme. Cela demande donc beaucoup de travail de recherches pour les références visuelles ou même pour le scénario. Et même après ça, les dessinateurs effectuent généralement des recherches car il leur manque certains modèles en fonction des angles, ou tout simplement parce qu’une référence de meuble ou d’intérieur aura échappé au scénariste (qui fournit donc le corpus de références) ou parce qu’elle est difficilement trouvable. Dans ce genre de cas, nous comptons sur les historiens pour nous donner un coup de pouce.

Chaque album BD est supervisé par un historien

Et puis, il est facile de se documenter sur les périodes récentes, mais beaucoup moins sur le Moyen-Âge et avant. Et même pour les époques récentes, beaucoup de références sont en noir et blanc, ce qui ne facilite pas la tâche des coloristes. Au final, ça demande énormément de recherches.

Peux-tu nous expliquer la démarche suivie pour l’écriture des albums ?

Mathieu Auverdin : Ce que je peux te dire, c’est qu’Hachette nous fournit un titre d’album avec une période donnée. Le scénariste doit alors déterminer quels événements (politiques, militaires, religieux…) importants sont à traiter. Là, aussi, Hachette et les historiens peuvent nous aider. L’éditeur désire aussi que les albums ne soient pas didactiques (par exemple avec un dessin et un texte explicatif), mais qu’ils soient vivants. Il faut donc tout mettre en scène via des dialogues, des mises en situation… Et il ne faut pas oublier le côté humain. Faire en sorte que les personnages soient développés et ne soient pas uniquement là pour rappeler un fait historique.

La Révolution Française en BD : le Serment du Jeu de Paume.
La Révolution Française en BD : planche dessinée par Albert Carreres, colorisée par JB Merle, Esther Chahian et leur équipe d’aplatistes, et lettrée par Nathan Kempf.

 

Qu’en est-il des dessins ?

Mathieu Auverdin : Hachette nous a demandé de faire appel à des dessinateurs au style réaliste classique. Lorsqu’un dessinateur accepte de travailler sur un album, charge à lui de respecter les références visuelles et le scénario et d’effectuer ses recherches s’il en a besoin. C’est mon rôle d’y veiller en tant que responsable éditorial de L’Histoire de France en BD . Les dessinateurs travaillent en principe en trois étapes. Le story-board, qui va permettre de visualiser les structures de pages, l’emplacement des personnages, la place laissée au texte… Le crayonné, qui permet de voir à quoi les personnages et les décors vont ressembler. Et l’encrage, qui affine le crayonné et lui donne plus de corps et d’épaisseur. Chaque étape est validée par Hachette et nous. S’il y a des corrections à apporter, les dessinateurs les effectuent.

MAKMA s’est occupé de toutes les étapes de la création d’une BD pour cette collection. Y aura-t-il des projets similaires à l’avenir ?

Mathieu Auverdin : Nous l’espérons, c’est une belle aventure. Nous réfléchissons à différents thèmes de collection que nous pourrions soumettre à Hachette.

Mais en attendant, il y a encore beaucoup d’albums à préparer ! Merci, Mathieu, pour tes explications sur ce rôle de responsable éditorial de L’Histoire de France en Bande Dessinée que tu remplis chaque semaine. C’est grâce aux auteurs, mais aussi grâce à toi que nous pouvons revivre les exploits de personnages historiques comme Vercingétorix, Clovis, Charlemagne, Napoléon, ou encore revivre les grandes heures de la Révolution Française en BD !

Révolution Française en BD : crayonné Hervé Breuil, couleurs Esther Chahian
La Révolution Française en BD par Hervé Breuil et Esther Chahian. Un album supervisé par le responsable éditorial de L’Histoire de France en BD : Mathieu Auverdin.