Et si j’étais président ?

Publié le 28 février 2022
Et si j'étais président ? Et si j'étais président ?

Et si j’étais président ? se demande Quentin Lefebvre, auteur de BD. Dans son nouvel album à paraître dans quelques jours, le bédéaste nous propose sa vision politique qui tombe à pic pour les élections présidentielles 2022. Comme pour sa série super-héroïque Hand Man, le créateur a fait appel au studio MAKMA pour assurer la colorisation de ses planches. Pour l’occasion, nous lui avons posé quelques questions de campagne !

Quentin, en quelque sorte, tu viens de lancer ta campagne pour la présidentielle 2022. Si tu étais président, comment te positionnerais-tu par rapport au statut des auteurs ?

Quentin Lefebvre : Dans l’album, je propose des mesures concrètes pour améliorer le statut des auteurs ; rehausser les droits d’auteur à un minimum de 9 %, alors qu’il est aujourd’hui entre 6 et 12 %, mais trop souvent, malheureusement, à 6 % voir 5 ou moins… Aussi, rendre obligatoire l’avance sur droits pour tout travail de création avec contrat ;
que l’auteur dessine le set de table pour un restaurant, ou toute la charte graphique d’une émission TV, sans oublier les dessins pour un livre d’enfants ; il faut qu’il y ait une somme versée en amont. Les auteurs ont besoin d’être sereins pour créer. Et avoir de l’argent qui rentre en amont aide à être serein, confiant. On se sent encouragé, soutenu, respecté.

Est-ce que ça ne serait pas un frein à la liberté d’expression ? Quid des petits éditeurs ou de l’autoédition ?

Quentin Lefebvre : Selon moi, pas de frein à la liberté d’expression. Si une avance n’est pas versée, en revanche, cela peut être un frein à la confiance. J’ai personnellement versé des avances à plein de gens avec qui j’ai travaillé, depuis des années. Pour les petits éditeurs, ils sont souvent accompagnés par des structures (région, État), ce qui normalement leur permet de verser une avance à l’auteur. En ce qui concerne l’autoédition, on ne va pas se verser d’avance à nous-même.

En revanche, dans l’album, j’ai imaginé un dispositif, que je présente en une page, et qui permet à un créateur, à partir du moment où il investit de son argent dans un projet, d’en toucher en retour. On peut donc tout à fait imaginer que quelqu’un qui veut autoéditer son roman ou sa BD mette ses 500 euros d’économies et que l’État ajoute 500 euros, pour qu’il atteigne un total de 1 000 euros.

« Si j’étais président, les auteurs auraient avec moi leur meilleur défenseur »

Que penses-tu du droit d’auteur et de son fonctionnement en France et en Europe ?

Quentin Lefebvre : Il faut qu’il soit renforcé pour une raison simple : l’œuvre n’est pas là sans l’auteur ! C’est comme un père, une mère. La plus forte colonne vertébrale. Ils sont à la base même des séries que nous aimons, des images que nous dévorons. Le droit d’auteur est défendu en France, plus qu’aux États-Unis, par exemple. Eh bien il doit l’être encore plus. La France doit devenir le meilleur exemple au monde du soin apporté aux auteurs. Si j’étais président, les auteurs auraient avec moi leur meilleur défenseur. Il faut imaginer, par exemple, qu’un auteur dont les droits seraient spoliés aurait droit aux services d’un avocat gratuitement. Que le ministère de la Culture ait un dispositif pour défendre tous les auteurs français, de celui qui vend 50 000 exemplaires à celui qui débute et qui a vendu 400 exemplaires dans sa région. Il ne faut pas qu’ils se sentent démunis car leurs revenus sont modestes, mais au contraire confiant que les années qu’ils mettent dans leur œuvre seront valorisées par l’État français et toutes ses institutions.

Selon toi, un auteur de BD a-t-il pour mission de montrer l’exemple, comme un leader politique, ou tout du moins de faire passer un message ?

Quentin Lefebvre : Chaque auteur doit faire entendre sa voix. Certains veulent faire de l’humour toute leur carrière, ou de la science-fiction, et c’est très bien. D’autres veulent faire passer des messages. Mes idoles ont repoussé des limites et c’est ça qui m’a fasciné. Quand Craig Thompson, dans Blankets, parle en même temps de la foi, du sexe et de sa vie sur 600 pages, pour moi il élargit ma vision de la BD et donc de la vie. Quand Tome et Janry confrontent Spirou au clonage, à la mafia ou au racisme, ils repoussent les limites d’un personnage classique. Pareil pour Hergé, qui, grâce à Tintin, a montré que c’est en mettant en route des projets fous comme d’aller sur la lune… qu’on y arrive !

Imaginer un futur meilleur

Un jour, un dessinateur m’a dit « tu ne te comportes pas comme un auteur de BD ». Étrange phrase qui ne veut rien dire. Au fur et à mesure des années, j’ai trouvé mon style, ma façon de m’exprimer, d’appuyer des messages. J’ai fait une opération BD en hôpital, monté un festival international… Et aujourd’hui, avec mon livre, je me mets dans le costume du chef de l’État pour montrer qu’il faut rêver, voir loin, imaginer un futur meilleur. Et si tout était possible ?

Et si j'étais président ?
Avant d’envisager une carrière à la tête du pays en 2022, Quentin Lefebvre a enchaîné les emplois les plus variés.
Et si j'étais président ?
Si Quentin Lefebvre était président, il aurait un programme pour soutenir la base de la création.

 

Pour en savoir davantage sur la bande dessinée de Quentin Lefebvre Et si j’étais président ?, vous pouvez visiter le site internet qui lui est dédié !