Grendel : l’intégrale
Dès 1982, et pendant 40 ans, le génie de Matt Wagner nous raconte à travers son opus l’histoire d’Hunter Rose, alias Grendel, un anti-héros et génie criminel mystérieux, aux antipodes de ce que pouvaient proposer DC ou bien Marvel à l’époque. En France, c’est l’éditeur Urban Comics qui publie les aventures du personnage.
Ce comic nous fait suivre Hunter Rose, romancier, mondain, escrimeur et assassin. Surgissant par surprise sur la scène de New York, c’est sous les traits de Grendel qu’il prend alors le contrôle de la pègre. Recherché par la police et son ennemi juré, Argent, un loup-garou immortel, Hunter Rose ne connaît aucune faiblesse, si ce n’est l’amour qu’il porte à sa fille adoptive, Stacy.
Dans les années 1980, suite à des problèmes financiers, la maison d’édition Comico où Grendel était publié se voit contrainte d’abandonner le projet. Hunter Rose survit désormais dans les back-up de Mage, la nouvelle série de Matt Wagner.
Dans les années 1990 et 2000, l’histoire de Grendel se retrouve enrichie par de nombreux courts récits en collaboration avec d’illustres dessinateurs, qui se verront toutes regroupées dans le premier volume de l’intégrale Grendel. Cependant, depuis 1986 et les quelques histoires offertes dans Mage, Hunter Rose est mort. Alors, comment en faire une suite ?
C’est simple, Wagner va montrer que si les légendes meurent, leur héritage, lui, perdure. Voilà pourquoi Christine Spar, biographe controversée de Grendel mais aussi fille de Stacy, prend la relève. Détruite par le kidnapping et l’assassinat de son enfant, elle cherche alors vengeance, se laissant petit à petit dévorer par le Mal. Accompagné des frères Pander, Wagner nous raconte la relève de Grendel par sa petite fille dans un monde futuriste et cyberpunk.
Après plus de 12 tomes, l’histoire de Christine Spar s’achève sur sa mort tragique. C’est donc à ce moment que Wagner effectue un grand changement. Les personnages se succèdent, continuent de perpétuer l’histoire et les intentions néfastes de Grendel. Ce dernier passe donc, petit à petit, d’entité physique, à entité morale. C’est ainsi que se termine le second volume de l’intégrale Grendel, sur une nouveauté des plus surprenantes pour les fans.
Dans un article de son traducteur Laurent Queyssi, Matt Wagner explique que la saga Grendel a commencé comme une expérience créative et est devenue sa manière habituelle de travailler. Il n’avait pas de plan précis au début, seulement l’envie de se surpasser et d’emmener son œuvre dans des directions audacieuses. Il a improvisé au fur et à mesure, s’inspirant de la série Dune de Frank Herbert et des anti-héros complexes de Michael Moorcock. Les premiers numéros de Métal Hurlant (Heavy Metal en anglais) l’ont également profondément influencé lorsqu’il était jeune.
Sa dernière série dans l’univers de Grendel, L’Odyssée du Diable, rend hommage aux aventures spatiales et aux perturbations de la réalité. Ayant trouvé son style et sa voix dans les années 1980, il a bénéficié d’une liberté totale pour emmener Grendel dans toutes les directions qui l’intéressaient. Son principal objectif en tant que conteur est de rendre ses récits fascinants et captivants pour lui-même, afin de transmettre ces émotions à ses lecteurs. Tout est possible dans Grendel, et son scénariste essaie de respecter et de perpétuer cette idée, même après quarante ans de publication !