Adaptation VF : Doomsday Clock
Doomsday Clock est la suite de Watchmen, la série géniale d’Alan Moore et Dave Gibbons. Tout comme Urban Comics avait confié la traduction des « préquelles » Before Watchmen au traducteur Edmond Tourriol, c’est encore à celui qui signe la VF de Walking Dead que l’éditeur parisien a fait confiance pour cette nouvelle adaptation. Nous lui avons posé quelques questions à propos de cette saga super-héroïque.
Edmond, peux-tu nous présenter Doomsday Clock en quelques mots ?
Edmond Tourriol : Doomsday Clock est une saga épique qui fusionne l’univers des Watchmen avec l’univers traditionnel de DC Comics. Créée par Geoff Johns et Gary Frank, cette série en douze numéros s’étend de 2017 à 2019. L’histoire commence sept ans après la fin de Watchmen, où Ozymandias, malgré ses plans pour unir le monde, a été démasqué et le monde est de nouveau au bord de la destruction nucléaire. Il élabore un nouveau plan pour sauver le monde : retrouver le Docteur Manhattan, qui a disparu à la fin de Watchmen, et lui demander de sauver la planète. Pour le retrouver, Ozymandias, Rorschach II (le successeur de Rorschach), le Mime et la Marionnette traversent l’espace-temps jusqu’à l’univers DC. Dans l’univers DC, Superman est au centre de l’histoire. Les super-héros sont dénigrés par le public, et il y a des tensions politiques mondiales menaçant une guerre métahumaine. La confiance du peuple envers les super-héros s’effondre, ce qui n’est pas sans rappeler la situation dans Watchmen.
Une réécriture du passé de l’univers DC
Toi qui as travaillé sur de nombreuses sagas super-héroïques comme JLA vs Avengers de Kurt Busiek, Inferno de Chris Claremont sur les X-Men, ou le run de Geoff Johns sur Green Lantern, qu’est-ce qui t’a plu dans Doomsday Clock ?
Edmond Tourriol : Eh bien, contrairement à Crisis que j’avais beaucoup apprécié quand j’étais gamin, je trouve que Doomsday Clock est beaucoup plus subtil. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule, il est révélé que le Dr Manhattan a manipulé l’univers DC, provoquant des changements dans la chronologie et la réalité, comme l’effacement de la Société de Justice et la création du New 52. Son intérêt pour cet univers est suscité par une vision de sa propre fin aux mains de Superman, qu’il ne peut pas voir au-delà. La situation atteint un point critique lorsque les forces mondiales s’alignent pour attaquer les super-héros et que le Dr Manhattan est confronté à Superman. Cependant, la compassion de Superman et sa volonté indéfectible de protéger les innocents amènent le Dr Manhattan à se remettre en question. Touché par l’humanité de Superman, le Dr Manhattan décide d’annuler les modifications qu’il a faites à l’univers, rétablissant la continuité originale de DC (avec tout de même quelques changements) et instaurant une nouvelle ère de paix et de compréhension mutuelle entre les super-héros et le public. Ozymandias, le Mime et la Marionnette retournent dans l’univers de Watchmen avec une nouvelle perspective, et un espoir renouvelé pour un avenir meilleur. J’ai beaucoup apprécié l’optimisme de cette histoire : ça change par rapport aux œuvres ambitieuses du même genre qui ont souvent tendance à noircir l’univers bariolé des super-slips.
Doomsday Clock : une saga métatextuelle
Un mot de conclusions sur la saga ?
Edmond Tourriol : Doomsday Clock est une histoire complexe et métatextuelle qui examine les conséquences de la manipulation du temps et de la réalité, tout en honorant les thèmes et le ton de Watchmen. Elle interroge également le rôle des super-héros dans la société et l’influence de leurs actions sur le monde qui les entoure. La saga est très respectueuse du matériau de base, tant du côté DC que du côté Watchmen. J’ai adoré travailler sur cette traduction, même s’il m’a fallu faire beaucoup d’efforts pour retrouver chaque scène VF de chaque flash-back afin de respecter les dialogues traduits par mes prédécesseurs !
Merci Edmond et bravo pour cette localisation de comics dont on peut avoir un aperçu sur la liseuse Urban Comics !