Cyril Durr, un romancier chez MAKMA

Publié le 14 juin 2023
Cyril Durr, romancier, auteur de L'ombre de Doreckam Cyril Durr, chef-relecteur des Makmen.

Cyril Durr est artiste-auteur chez MAKMA. Récemment, il a écrit le roman L’ombre de Doreckam. Il a accepté de répondre à nos questions sur ce thriller fantastique sorti voilà quelques jours, ainsi que sur son expérience au sein du studio.

Peux-tu te présenter rapidement ?

Cyril Durr : Eh bien, je vis en Moselle, je suis auteur et également correcteur depuis quelques années, j’ai travaillé d’abord en free-lance puis au sein du studio MAKMA. Mon premier roman, Le Sang des Héros, est sorti en 2017 chez Nestiveqnen Éditions. Je suis également le scénariste de la BD parodique The Gutter, créée avec mon compère Sergio Yolfa.

Peux-tu nous rappeler ton rôle chez MAKMA ?

Je suis chef-relecteur. C’est-à-dire qu’en plus de mes missions de relecture, qui concernent essentiellement des comics Marvel, je m’occupe de diverses tâches comme sélectionner nos relecteurs (j’ai notamment conçu les tests dont nous nous servons, en me basant sur les problèmes que l’on rencontre le plus souvent), assurer leur formation continue ou contrôler leur travail.

Le savoir-faire et la rigueur sont au cœur des valeurs que MAKMA défend et met en avant, pourrais-tu à ce propos nous en dire plus sur cette formation continue ?

Il est en effet important que l’ensemble de nos collaborateurs aient accès à des sources d’information fiables et mises à jour. On n’en finit jamais d’apprendre, surtout dans notre activité, où l’on peut être amené à intervenir sur des œuvres qui emploient un vocabulaire technique spécifique ou qui se déroulent dans des pays étrangers. Des problèmes particuliers, qui ne sont pas forcément couverts par les ouvrages de grammaire, peuvent alors se poser. Et puis, il y a toujours ces petites règles, pas forcément complexes mais que l’on a tendance à oublier ou malmener (surtout sur le net). Régulièrement, je fais donc un point grammaire en revenant sur un problème particulier, que l’on rencontre souvent. Cette formation continue est donc directement basée sur l’expérience du « terrain » et sa réalité. Cela permet de gagner en efficacité.

L’Ombre de Doreckam

Tu es l’auteur du roman L’Ombre de Doreckam, peux-tu nous dire de quoi ça parle ?

Cyril Durr : Il s’agit d’un thriller fantastique, qui se déroule de nos jours, dans une petite ville de Moselle. L’arrivée d’un mystérieux bouquiniste va être le point de départ d’une série d’événements étranges et très violents auxquels seront confrontés les habitants de Doreckam. Parmi eux, un ex-flic, venu chercher un peu de calme dans ce village, ainsi que deux bandes d’adolescents dont la rivalité remonte à bien longtemps mais qui va être exacerbée par quelque chose de mauvais et puissant.

Couverture de L'ombre de Doreckam, écrit par Cyril Durr (Ombre de Doreckam)
La couverture de L’ombre de Doreckam, roman écrit par Cyril Durr.

Selon toi, qui est le public de ton nouveau roman ?

Cyril Durr : Je n’écris jamais pour des « cibles », ce n’est pas tellement mon problème, plutôt celui de mon éditeur (les éditions Souffles Littéraires, pour L‘ombre de Doreckam). J’essaie d’écrire un récit que j’aimerais moi-même lire. Je privilégie notamment la construction minutieuse des personnages, que je considère comme des vecteurs d’affect. Je m’inspire un peu de Stephen King sur la forme disons. Pour le fond, cette histoire pourrait faire songer à du Lovecraft ou à certains romans de Koontz. Bref, si vous aimez le fantastique chargé d’émotion et les entités effrayantes, ça devrait vous convenir.

Tu as déjà écrit de nombreuses nouvelles, deux romans, une BD, comment te vient ton inspiration ?

Cyril Durr : Ah, la grande question de l’inspiration. L’inspiration, telle que les journalistes la présentent ou que le grand public l’imagine, n’existe pas. Même la phase de pré-écriture, c’est aussi du travail en fait. Ce qui donne l’impression que tu es « inspiré », c’est qu’à force de bosser sur la conception d’histoires depuis des années, des routines inconscientes, des raccourcis, se mettent en place au niveau du cerveau. Au lieu de tâtonner, tu vas donc directement au plus efficace. Ça n’a rien de mystérieux, c’est plus une question d’expérience.

Après, les idées, tout le monde en a, ce n’est pas propre aux auteurs. Mon boulanger ou ma factrice imaginent aussi des histoires. La particularité d’un auteur, c’est que lui dispose d’un bagage technique propre à les rendre efficaces. C’est d’ailleurs mon but premier : générer, à partir d’un peu d’encre et de fiction, des émotions bien réelles.

D’ailleurs, en ce qui concerne les nouvelles, j’ai regroupé récemment une quinzaine de textes dans un recueil publié par 2T2N et intitulé Jour de Neige. Il s’agit de récits de genre, écrits ces vingt dernières années, et qui sont accompagnés d’illustrations réalisées par l’excellent Daniel Gattone. J’ai également eu l’honneur de pouvoir bénéficier d’une préface écrite par Maître Roland Habersetzer, un grand homme dont j’admire le travail depuis fort longtemps.

Couverture de Jour de neige par Cyril Durr (auteur de l'Ombre de Doreckam)
La couverture de Jour de neige, écrit par Cyril Durr.

En quoi le fait d’être auteur peut-il être un avantage concernant ton travail au sein du studio MAKMA ?

Toutes les activités littéraires se nourrissent les unes les autres. Écrire nécessite par exemple de travailler la forme en fonction de la scène, du personnage, de l’émotion à faire passer. Cela permet donc d’avoir une certaine aisance lorsqu’il s’agit de reformuler des phrases au sein d’une traduction bancale. S’organiser, inventer sa propre méthode de travail pour venir à bout de l’écriture d’un roman, ce qui est tout de même assez long et complexe, permet aussi de parfaitement s’autogérer. J’ai un fonctionnement un peu particulier, presque robotique, je vois toutes les tâches que je dois mener à bien comme des procédures au sein desquelles j’établis une hiérarchisation des priorités.

Comment réussis-tu à allier ta passion pour l’écriture et ton travail chez MAKMA ? Cela ne te prend pas trop de temps ?

Cela me prend énormément de temps. Le travail au sein du studio passe évidemment en priorité, je gère mes projets personnels sur le peu de temps libre que j’arrive à dégager, le soir ou les week-ends. Cela demande une certaine rigueur. Je sors peu ; j’évite de me disperser dans des activités passives, chronophages et inutiles (comme les réseaux sociaux ou la télévision) ; je travaille et je fais du sport chez moi, ce qui m’évite de perdre du temps en voiture ou dans les transports en commun. Bref, je m’organise pour atteindre un but fixé, quel qu’en soit le coût. Ça a l’air très martial de prime abord, mais je pense sincèrement que l’on n’arrive à rien en dilettante. Pour maîtriser un domaine, quel qu’il soit, il est nécessaire de travailler beaucoup.

As-tu d’autres passions que l’écriture ?

Cyril Durr : Pas d’aussi dévorantes, mais je m’intéresse, de près ou de loin, à bien des domaines. J’aime beaucoup les armes et leur histoire, l’aviation, l’astronomie ou encore les arts martiaux et la riche philosophie nippone qui les accompagne. Je m’intéresse aussi à l’ésotérisme au sens large, et notamment à la magie. Pas le truc où tu fais un nœud, tu souffles dessus et hop, il n’y a plus de nœud. La vraie magie.

Le papier est bien plus enivrant lorsqu’il n’est pas entouré de barbelés.

Aurais-tu un message à faire passer ?

Cyril Durr : Je voudrais dire à Manu qu’il m’attende directement au dépôt parce que j’ai paumé les clés du camion.

Plus sérieusement, nous vivons une époque difficile pour les auteurs. Bien des gens tentent de les contrôler, de les limiter, de leur imposer des diktats. Au Canada, les wokistes ont déjà commencé à brûler des livres, avec la bénédiction des autorités. Je ne parle même pas des attaques contre la grammaire, avec notamment cette saloperie d’écriture « inclusive » (rien n’a jamais été aussi excluant en réalité). Donc, si j’ai un message à délivrer, il s’adresse avant tout aux lecteurs. Ne laissez pas des gens sectaires et excités vous entraîner dans d’obscures dérives. Les auteurs ont le droit de faire ce qu’ils veulent (dans les limites légales, bien entendu). Ils ont le droit d’user de stéréotypes, ils ont le droit de se tromper, ils ont le droit d’aller contre le vent dominant, ils ont le droit de choquer, ils ont même le droit d’être médiocres. Mais ils doivent être libres.

Si certains sont traumatisés par un peu de fiction, donc quelque chose qui n’existe pas, alors, ce sont eux le problème, pas les auteurs. Je n’attends pas d’un livre qu’il endorme mon esprit ou me flatte, je veux qu’il m’impacte, qu’il me secoue, qu’il me surprenne, qu’il me fasse bouillir de rage ou qu’il me rende euphorique. C’est ça l’intérêt de la littérature. En l’aseptisant, on la prive simplement de sa sève vitale et de la possible catharsis qu’elle est censée apporter. On ne peut pas faire des bibliothèques un « safe space » pour dictateurs fragiles. Car il s’agirait là d’un faux sentiment de sécurité. Les récits se doivent d’être inquiétants, parfois. Ce qu’il faut sécuriser, ce sont nos rues, pas les pages de nos livres. Le papier est bien plus enivrant lorsqu’il n’est pas entouré de barbelés.

Merci Cyril pour ce témoignage très inspirant !

Cyril Durr joue un rôle essentiel au sein du studio en tant que rédacteur de la rubrique « Point Grammaire » pour notre newsletter interne. Son travail consiste à offrir des conseils précieux et des astuces pratiques sur la grammaire, permettant ainsi à ses collègues de perfectionner leurs compétences linguistiques et d’éviter certaines fautes plus ou moins courantes. Sa rubrique est une ressource inestimable pour l’équipe de MAKMA. Grâce à son expertise, notre chef-relecteur BD parvient à rendre accessibles à tous des règles complexes. Ses explications claires et concises permettent aux membres de l’équipe de développer une meilleure maîtrise de la langue. En soulignant les pièges fréquents et en proposant des solutions pratiques, Cyril apporte une véritable valeur ajoutée aux Makmen, renforçant ainsi la cohésion et l’efficacité de l’équipe.

Retrouvez dès à présent L’ombre de Doreckam aux éditions Souffles Littéraires ! Et pour en savoir plus sur Cyril, ses œuvres et son parcours, rendez-vous sur son site internet !