Le lettrage, le maillon oublié de la bande dessinée
Le lettrage, c’est l’art de mettre les mots dans les bulles de BD. En effet, la bande dessinée est constituée de deux arts majeurs : l’écriture d’histoire et le dessin. Pour lier les deux, il y a le lettrage, une activité qui passionne Stephan Boschat.
Le lettrage BD, qu’est-ce que c’est ? Stephan Boschat, le cofondateur du studio MAKMA, n’est pas seulement scénariste : il est aussi lettreur. Un métier souvent sous estimé dans la réalisation d’une bande dessinée. Nous avons posé quelques questions à Stephan, qui dirige le département lettrage du studio MAKMA.
Le lettrage est un métier méconnu
« Les gens se préoccupent de ce qui est le plus visible et de ce qui a, en vérité, le plus d’importance, c’est-à-dire l’histoire et le dessin, qui permettent à la BD d’exister physiquement. Je comprends très bien que le lettrage soit vu comme une petite tâche, continue Stephan. Le lettrage est mésestimé, car c’est un métier mal connu. C’est pourtant le lettrage qui va donner du sens au texte et aux dessins qui l’accompagnent. »
Le lettrage intervient à la fin de la chaîne de création d’une BD, et va de la création des bulles et leur positionnement (le « bullage« ), à l’intégration du texte dans les phylactères.
« Il faut bien avoir conscience qu’en fonction de la manière dont elles sont positionnées dans l’image, les bulles peuvent nuire à la compréhension de ce qui se passe dans la case, nuire à la compréhension de ce qui se passe dans l’ordre des textes, et nuire à la dynamique du récit, déplore Stephan Boschat. Il est capital de bien placer les phylactères, poursuit-il, pour permettre une lecture fluide. »
Le lettrage guide la lecture d’une BD
C’est parce qu’elle doit se faire discrète que l’action de lettrer une BD est l’activité oubliée de la bande dessinée. Ce n’est souvent que s’il est mal fait, qu’un lettrage va se faire remarquer. Le lettrage doit guider le lecteur dans la compréhension du récit, respecter le sens de lecture du texte, qui est notamment différent s’il s’agit d’une BD occidentale (album franco-belge ou comic book américain) ou d’un manga.
Des choix différents selon le contenu et le format
Le choix de la police pour les textes, et de la forme des bulles, va aussi avoir son importance, donnant une tonalité au texte, et facilitant la compréhension du caractère et des émotions des personnages. Ainsi, une BD humoristique franco-belge ne sera pas lettrée de la même manière qu’un shōnen japonais.
En ce qui concerne les adaptations d’œuvres étrangères (comics ou mangas), le travail du lettreur est également important. C’est l’une des activités de Stephan Boschat, qui travaille notamment pour Urban Comics, et lettre leurs ouvrages pour les éditions françaises (dont un bon nombre sont adaptées par des traducteurs de comics de chez MAKMA). Là, il s’agit d’intégrer le texte dans la maquette, et de le calibrer selon la forme des bulles.
Il y a peu de lettreurs professionnels en France, et cela contribue sans doute aussi au manque de reconnaissance de ce métier. Un métier qui a évolué avec le numérique, car le lettrage à la main a presque disparu, pour faire place à l’utilisation de typographies informatisées.
Le lettrage est donc un simple maillon de la chaîne de création d’une BD. Mais un maillon indispensable qui, s’il est bâclé, se remarquera immédiatement. C’est pour ça que Stephan Boschat est à la fois scénariste et lettreur de ses propres histoires. « J’aime bien être au début et à la fin de la chaîne, explique notre lettreur BD. Je sais que je pourrai reprendre mes dialogues plus facilement, notamment en ce qui concerne le calibrage des bulles dans une case. Ça me donne une certaine liberté. »
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