Gaël Legeard traduit Devil’s Candy

Publié le 15 octobre 2018
Devil's Candy © Rem & Bikkuri et © Hachette Comics pour la VF

Gaël Legeard a traduit Devil’s Candy, à paraître cette semaine chez Robinson. Pour l’occasion, nous lui avons posé quelques questions.

Gaël, tu viens de traduire le webcomic Devil’s Candy de Bikkuri et Rem. Avant tout, qu’en as-tu pensé en tant que lecteur ?

Gaël Legeard : Je dois avouer que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre quand on m’a offert la traduction de Devil’s Candy. Devant le style graphique proche du manga, et les personnages un peu « mignons », comme dans le style des shôjo (mangas destinés aux jeunes adolescentes), j’avais un peu peur de tomber sur des histoires à l’eau de rose un peu molles. Et il s’avère que j’ai été agréablement surpris de découvrir que le récit reposait avant tout sur l’humour. Et l’humour prédominant, ici, c’est l’absurde ; ce qui n’est pas pour me déplaire car c’est vraiment quelque chose que j’apprécie. On est un peu dans le même style que des animes comme Excel Saga, par exemple. On nous présente des situations incongrues qui s’enchaînent sans transition et dans lesquelles les personnages sont emportés jusqu’au sauvetage miraculeux d’un Deus Ex Machina encore plus improbable. Et à côté de ça, on va avoir des personnages horrifiques rappelant un peu les personnages de Tim Burton, de L’étrange Noël de M. Jack aux Noces funèbres : des personnages à la fois objectivement hideux, et subjectivement mignons comme tout.

Tu connaissais Devil’s Candy avant de la traduire ?

Gaël Legeard : Pas du tout. Ni l’œuvre ni ses auteurs, d’ailleurs. J’ai appris par la suite que Bikkuri (connu sous le nom de Clint Bickham) était avant tout un traducteur de manga ainsi qu’un doubleur d’anime ; et que Rem (alias Priscilla Hamby) était quant à elle une dessinatrice de manga américaine. Enfin, comme je ne connaissais pas, il a fallu que je lise une première fois le webcomic pour m’acclimater à la caractérisation, afin d’en savoir plus sur les relations des personnages, sur la manière de parler de chacun, etc. Je pense notamment à la relation entre Kazu (le personnage principal) et Nemo (son meilleur ami) qui débute un peu dans une dynamique « maître/assistant » et qui tourne vite à une relation de meilleurs amis, dans laquelle Nemo est clairement le plus débrouillard, et Kazu, le plus fébrile.

En tout cas, je suis très content de m’être vu confier la traduction de Devil’s Candy car, comme je l’ai déjà dit, la couverture me faisait plus penser à un shôjo, et je serais sûrement passé à côté de ce super manga.

T’attendais-tu à traduire ce genre d’œuvres en travaillant avec MAKMA ?

Gaël Legeard : Pour le coup, non. C’est peut-être un peu réducteur, mais quand je pense à  « manga », j’associe directement ça à l’Asie. Je sais bien que MAKMA traduit des manhuas, mais comme je ne parle aucune langue asiatique (hormis les bases du japonais que j’ai pu travailler à l’université), je ne m’attendais clairement pas à adapter ce type d’ouvrage.

En revanche, Devil’s Candy n’a pas été plus complexe à aborder qu’un comic book, puisque au fond, ça reste le même travail : traduire de l’anglais au français. La seule chose qui diffère vraiment, c’est l’utilisation beaucoup plus fréquente d’onomatopées. Et ces dernières étant souvent des verbes, il a fallu les traduire en onomatopées plus françaises. Pour le coup, ce n’était pas forcément évident car il faut trouver le « son » qui correspond le mieux à telle ou telle action, mais c’était, cela dit, très amusant.

La traduction a-t-elle parfois été complexe à assurer ?

Gaël Legeard : Les seuls points qui m’ont demandé plus de réflexion, ce sont premièrement les jeux de mots ; parfois assez compliqués, car il faut réussir à garder l’aspect comique de la phrase tout en enlevant précisément ce qui la rend drôle : les mots anglais qui s’associent. Donc, on passe un peu de temps à chercher une blague, gardant la même idée, mais totalement différente, pour être comprise en français.

Et deuxièmement, il faut savoir que Devil’s Candy est parfois ponctué de courts poèmes. Et ça, ça apporte un peu plus de défi : réussir à garder le sens du poème tout en gardant aussi les rimes lors de la traduction. Ça demande de trouver des synonymes auxquels on n’aurait pas du tout pensé en premier lieu, de tourner les phrases et de jouer avec les mots pour réécrire un nouveau poème fonctionnant en français, et relatant le même récit que l’original.

En tout cas, Gaël, bravo pour ton travail de traduction sur ce titre, et à bientôt pour une nouvelle adaptation VF !