Something is Killing the Children : une traduction de comics par Maxime Le Dain

Publié le 28 juin 2020
Something is Killing the Children Something is Killing the Children : une traduction de Maxime Le Dain aux éditions Urban Comics

Le comic book Something is Killing the Children vient d’être traduit par notre collaborateur Maxime Le Dain pour le compte d’Urban Comics. Nous avons posé quelques questions au traducteur à propos de son travail d’adaptation VF sur cette BD américaine.

Salut Maxime, tu as signé la traduction du dernier bébé de James Tynion IV. Ça t’a plu ?

Maxime Le Dain : Oh que oui. À vrai dire, cette traduction m’a fait l’effet d’une triple révélation. Premièrement, je n’avais encore jamais rien lu de James Tynion IV, et j’ai trouvé son écriture très intéressante. Deuxièmement, ça m’a fait découvrir l’écurie BOOM! Studios, dont la production foisonnante n’a encore que trop peu percé en VF (à part peut-être les Légendes de la Garde). troisièmement, j’ai adoré le style rugueux, vif et élastique du dessinateur Werther Dell’Edera (sublimé par les couleurs de Miquel Muerto), qui me fait un peu penser à du Sienkiewicz (époque New Mutants) en plus cartoony. Bref, une très très chouette découverte, tant sur le plan visuel que narratif.

Qu’as-tu pensé du scénario de Something is Killing the Children ?

Maxime Le Dain : J’étais assez dubitatif au départ, je ne voyais pas trop où l’auteur voulait en venir en nous présentant toute cette galerie de citadins d’un patelin paumé du fin fond des États-Unis. Et puis, les personnages se croisent, les mystères s’épaississent, le récit se resserre, et on constate que la sauce a pris sans qu’on s’en rende vraiment compte, en grande partie grâce à la sensibilité d’écriture et le talent de dialoguiste de Tynion IV.

Something is Killing the Children mixe Buffy et Twin Peaks façon Tarantino

Si je devais présenter ce bouquin à quelqu’un, je lui dirais que c’est un mélange de Buffy et de Twin Peaks, avec Quentin Tarantino aux dialogues. Bref, une sorte de distillat de la culture pop US de la fin XXe siècle, mâtiné de cette décompression narrative chère aux mangas, mais dont l’objectif principal reste de présenter aux lecteurs une galerie de personnages forts, fragiles et faillibles. Un beau bébé, en somme.

Ça donne envie, dis ! Et côté traduction, des difficultés ou anecdotes à signaler ?

Maxime Le Dain : À vrai dire, le principal écueil consistait surtout à reproduire la sonorité, le rythme et la « véracité » des dialogues d’origine. Tynion IV a clairement l’oreille pour ça, et j’ai paradoxalement dû batailler pour rendre cet aspect naturel en français, tout en le modulant en fonction des personnages.

Des stratégies qui donnent aux dialogues un côté naturel et réaliste

J’ai par exemple privilégié les points plutôt que les virgules pour le personnage d’Erica, ce qui lui confère un côté plus direct, plus déterminé. Par exemple, le lui fais dire « Ouais. Désolé. Je sais que c’est difficile ». J’ai également multiplié les incises comme « je sais pas, moi », « elle se traînait l’autre gamin, là » ou « on est arrivés, non ? ». Enfin, j’ai aussi pratiqué des inversions grammaticales comme par exemple « il s’est passé quoi ? » au lieu de « que s’est-il passé ? ». Bref, tout un arsenal de petites stratégies minuscules qui, mises bout à bout, contribuent à donner du naturel et du corps au texte, pour rendre le côté réaliste et cru de cette chasse au monstre tout à la fois sanglante et humaniste.

Merci, Maxime. Et encore bravo pour cette nouvelle traduction de comics !