Anouck Leroy-Callens : interview d’une adaptatrice de webtoons
Anouck Leroy-Callens, adaptatrice et correctrice de webtoons qui a travaillé notamment sur Tower of God, a accepté de répondre à nos questions à propos de son travail.
Anouck, peux-tu nous présenter tes activités dans le milieu des webtoons ?
Anouck Leroy-Callens : J’adapte et corrige des webtoons. Ils ont parfois été traduits par des non-francophones, et je veille donc à ce que la traduction soit fluide et idiomatique en français. Je reformule si nécessaire, je corrige le registre de langue ou les expressions employées par les personnages. À côté de ça, je fais aussi du sous-titrage et de la traduction technique. Je travaille de l’anglais et de l’italien vers le français.
Quels sont les aspects agréables de ton métier ? Et les moins agréables ?
Anouck Leroy-Callens : Les aspects agréables, la variété et la liberté. Dans la même journée, je peux être amenée à travailler sur quatre projets différents, c’est dynamique et motivant. Je peux choisir mes horaires et décider de travailler en priorité sur les projets qui m’intéressent. Pour les aspects désagréables, je dirais la solitude. La traduction reste un métier assez solitaire en pratique, même si je suis amenée à travailler virtuellement avec une équipe, à contacter des clients et à échanger sur certains points avec des collègues traducteurs. L’attention aux détails peut aussi vite être agaçante : regarder un film mal sous-titré ou remarquer les coquilles d’un menu de restaurant, ça peut être marrant mais aussi frustrant.
Quelles sont les qualités qui te semblent nécessaires pour être une bonne traductrice ?
Anouck Leroy-Callens : La persévérance quand on veut travailler ou se spécialiser dans un domaine particulier de la traduction. La capacité d’adaptation rapide à un nouveau mode de fonctionnement, une nouvelle équipe. La communication et la proactivité avec tous nos interlocuteurs, sans attendre qu’un problème apparaisse.
Ton métier de traductrice a-t-il évolué depuis que tu as commencé ?
Anouck Leroy-Callens : J’ai commencé en 2018, je n’ai donc pas encore eu le temps de voir une évolution fondamentale du métier, mais c’est plutôt ma perception et mon attitude envers lui qui ont évolué. Ma manière de travailler est plus efficace qu’au début et je développe ma maîtrise des supports (plateformes, outils) qui sont les plus utiles dans mon domaine.
Penses-tu que le métier de traducteur va encore évoluer ?
Anouck Leroy-Callens : Les webtoons se développent depuis quelques années, ils se diversifient et touchent un public de plus en plus large. Même si la traduction dans ce domaine ne va sans doute pas connaître d’évolution incroyable, elle va être amenée à utiliser des outils permettant d’accélérer les processus et la concurrence risque de s’accroître.
Quel conseil donnerais-tu à un débutant dans ton domaine ?
Anouck Leroy-Callens : Ne te laisse pas décourager par ce qu’ont pu dire tes professeurs de traduction (« le domaine est archi-bouché », « inutile de rêver, vous ne ferez pas ce qui vous plaît », « c’est mal payé et peu gratifiant »…). Si tu aimes la traduction, que tu veux en faire ton métier, essaie de te spécialiser, si possible dans un domaine qui te plaît. Maîtrise ce domaine au maximum, soigne toujours ton orthographe et ta grammaire, et persévère, que ce soit auprès de tes clients actuels ou potentiels, ou autre. Et envoie beaucoup, beaucoup de CV, il y en a forcément un qui changera la donne.
Quel a été ton projet préféré ?
Anouck Leroy-Callens : Mon projet préféré est pour le moment le webtoon Tower of God, sur lequel je travaille comme adaptatrice. Sinon, pour le festival du film italien de Toulouse, un projet de sous-titrage du film Prima che la notte.
Comment accède-t-on à ta profession ?
Anouck Leroy-Callens : Il n’y a pas de parcours obligatoire, mais l’idéal serait peut-être de passer quelques mois, voire quelques années à l’étranger pour développer les langues et cultures de travail, puis de suivre une formation en traduction, et ensuite un ou plusieurs stages pour se spécialiser et apprendre le métier en pratique.
Qu’as-tu fait comme formation durant tes années de lycée ?
Anouck Leroy-Callens : J’ai fait un Bac Littéraire option Européenne et Italien renforcé. Donc en lien avec mon métier, même si entre-temps, j’ai fait une licence d’ethnologie.
Exerces-tu le métier dont tu rêvais entre 15 et 18 ans ?
Anouck Leroy-Callens : Oui, je pense. À l’époque, je parcourais les fiches Onisep en hésitant entre ethnologue et traductrice. J’ai essayé les deux, et j’ai fait mon choix.
Y a-t-il eu un événement déterminant dans le choix de ton métier ?
Anouck Leroy-Callens : Même si j’aime les langues depuis le collège et que je réfléchissais déjà au métier de traductrice au lycée, je pense que c’est mon service civique et les traductions concrètes que j’ai pu accomplir pour des projets d’associations européennes qui m’ont décidée à me lancer dans le Master et à poursuivre ensuite de manière professionnelle.
Aurais-tu une petite anecdote à nous raconter ?
Anouck Leroy-Callens : J’ai été amenée à travailler sur des webtoons pour adultes, ça fait toujours beaucoup rire mes amis.