Notre mentor Denis Lapierre, un artiste polyvalent
Découvrez le parcours de notre mentor Denis Lapierre, artiste polyvalent et pilier de la créativité chez MAKMA depuis le lancement du studio en 2001. De la peinture en lettres aux illustrations numériques, il nous plonge dans son univers artistique. Cette entrevue dévoile ses débuts dans la publicité, son amour pour la bande dessinée et ses projets tels que la série jeunesse Châtaigne ou son nouveau défi : Zomblard. Entre cours de dessin, festivals BD, et sessions de body-paint, Denis fait montre d’une inventivité sans limite.
Denis Lapierre, notre mentor, parle-nous de toi !
Denis Lapierre : Je travaille chez MAKMA depuis plus de 25 ans si on compte la préhistoire du studio avec Climax Comics. J’ai commencé dès l’âge de 16 ans à travailler dans le métier de la publicité en tant que peintre. Je faisais des décors de vitrines, de magasins, j’étais peintre en lettres.
Quand j’ai commencé en tant que peintre en lettres, je me suis mis à mettre de la couleur sur mes dessins. J’ai commencé à réaliser des tableaux, un peu de tout. Ensuite, j’ai travaillé énormément en publicité et j’ai voulu créer des petites BD moi-même. J’ai participé à des concours, et puis quand Internet est arrivé, j’ai rencontré l’équipe de ce qui allait devenir MAKMA.
Maintenant, ça fait des années que je travaille avec eux. À l’époque, je sortais des BD publiées dans des mensuels, l’une d’entre elles s’appelait Hosor et Vasquez, c’était un comic book qui racontait les aventures d’un duo de flics. Par la suite, j’ai pu rencontrer Edmond Tourriol et Stephan Boschat. J’ai commencé à peindre à l’aérographe des couvertures de BD pour eux, et en parallèle à créer des livres jeunesse.
Parle-nous du métier de peintre en lettres.
Denis Lapierre : L’avantage de ce métier, c’est que je travaillais en grand format. Lorsque je donne des cours aux élèves aujourd’hui, on le fait souvent sur grand format, ce qui à l’avantage de pouvoir mettre en avant les défauts, parce que quand on travaille en tout petit, on ne les voit pas forcément.
Pour qui tu travaillais par exemple ?
Denis Lapierre : Auparavant, je faisais des panneaux publicitaires pour le zoo de Pessac, par exemple. Je devais dessiner des éléphants grandeur nature, des girafes, etc. Aujourd’hui, plus besoin de mes services puisqu’ils impriment des affiches qu’ils mettent sur de grands panneaux.
Comment t’es-tu lancé dans l’illustration ?
Denis Lapierre : J’ai dessiné énormément quand j’étais petit. Je dessinais surtout des super-héros : rien que des gars musclés en noir et blanc. Puis quand je suis entré en apprentissage de décorateur publicitaire, je me suis mis à la couleur. J’ai dessiné à l’aquarelle, à l’encre de Chine, etc. Ce que je préfère, c’est l’aquarelle, car cette technique permet une liberté qu’on n’a pas forcément avec les autres techniques ; on passe d’une couleur à une autre très rapidement. Par exemple, quand je vais réaliser des character designs, je peux facilement les mettre en couleur avec l’aquarelle.
Le mentor Denis Lapierre et la petite Châtaigne
Quel a été ton premier projet publié avec MAKMA ?
Denis Lapierre : Châtaigne, c’était un livre jeunesse. Avant ce livre, j’avais préparé un petit livre sur les fées et sur les saisons, c’était une fée qui avait des petits piquants, et elle était rousse. Mais j’ai abandonné ce projet car il est tombé à l’eau avec un éditeur.
Comment as-tu créé ce livre jeunesse ?
Denis Lapierre : Je suis retombé sur le dessin de la fée avec les petits piquants : c’était une fée qui s’appelait « Châtaigne », et je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Pourquoi je ne ferais pas alors l’histoire d’une vraie châtaigne ? Je suis donc parti sur ce projet où je n’ai utilisé que des végétaux, c’est-à-dire des glands, des noix, des pignes, des champignons, etc. Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes. J’ai donc présenté ce projet à MAKMA et ils m’ont dit « OK, on va mettre en place la plateforme Flibusk et on va partir sur ce projet Châtaigne« . On a sorti le premier tome sur cette plateforme, et ça a été une très bonne surprise, car le premier a été assez vite épuisé dès sa sortie. De ce fait, MAKMA m’a demandé de faire les quatre saisons, car celui-là était sur le thème de l’automne.
Comment s’appellent les tomes suivants ?
Denis Lapierre : Le tome sur l’hiver s’appelle Châtaigne et les Zombinions. Le tome sur le printemps s’appelle Le Peuple Châtaigne. Et le dernier, Châtaigne et Marron, représente l’été. J’ai donc réussi à faire mes quatre saisons avec Châtaigne.
Par la suite y aura-t-il un autre tome de « Châtaigne »?
Denis Lapierre : Pour l’instant, je viens de finir les quatre saisons. Mais je travaille toujours sur des petits croquis et j’essaie de créer un univers autour de l’IP Châtaigne. Avec ce livre jeunesse, j’ai créé tout un tas de personnages qui peuvent eux aussi avoir leurs propres histoires, donc en ce moment je travaille là-dessus.
As-tu d’autres projets en cours de construction ?
Denis Lapierre : Actuellement, je reprends Les Saisons des Fées, c’est une histoire pour montrer le rôle des fées sur chaque saison. J’ai créé « Les fées Chloro » qui sont les fées chlorophylles : elles aident à la nature, aident à la pollinisation des fleurs. J’ai donc créé beaucoup de fées qui sont vitales à l’univers de la nature et de la forêt. Je reste toujours dans des histoires qui sont assez « écolo » et axées sur la nature.
Où trouves-tu tes sources d’inspiration ?
Denis Lapierre : J’ai un grand jardin avec de grands chênes auxquels je tiens, et c’est grâce à ça que j’ai pu créer ces personnages. J’ai puisé dans cette forêt, dans la nature qui m’entoure pour créer mes petits personnages.
La saison des fées est-elle prête pour une publication imminente ?
Denis Lapierre : Non, c’est un projet que j’ai repris. Je vais finaliser l’œuvre même si le projet avait été conçu pour en faire un livre. Je suis en train de refaire tous mes personnages et de retravailler mes designs. En livre, La saison des fées comptait presque une centaine de pages. Actuellement, je suis en train de reprendre le projet afin que cela ne soit pas qu’un livre jeunesse, mais que ça s’apparente davantage à une BD avec des bulles, des dessins. Edmond me l’a demandé. Ça demande plus de dessins que dans les livres jeunesse, j’ajoute donc énormément de dessins dans mes histoires. Par exemple, dans mes livres jeunesse pour présenter une fée, il n’y avait qu’un seul dessin, tandis que là, il y aura 4 ou 5 dessins qui présenteront le rôle de celle-ci. Ça sera différent.
Est-ce que c’est long de reprendre une histoire ?
Denis Lapierre : C’est assez rapide car je reprends des dessins qui sont déjà faits. De plus, ce sont mes dessins et je les connais par cœur. Je connais bien les personnages.
Est-ce que par la suite La Saison des Fées va être publiée ?
Denis Lapierre : On va voir si ça peut fonctionner sur Nabook plus tard avec MAKMA. D’ailleurs, les quatre tomes de Châtaigne sont sortis sur cette plateforme. Châtaigne avait déjà sa vie en livre, j’ai donc hésité au départ à le sortir numériquement, car Châtaigne pour moi ne pouvait exister qu’en livre, car c’est un ouvrage jeunesse. Mais je me suis rendu compte qu’il y avait aussi un public qui lisait les livres sur smartphone ou sur tablette.
Comment crées-tu les designs ? À la main ou à partir d’un ordinateur ?
Denis Lapierre : La Saison des Fées avait été faite en aquarelle, comme Châtaigne d’ailleurs. Mais aujourd’hui, je refais tous mes dessins en numérique à l’aide de Photoshop et d’une tablette Wacom.
As-tu d’autres projets à venir ?
Denis Lapierre : Oui, l’équipe de MAKMA m’a mis sur un projet qui s’appelle Zomblard, où il s’agit d’histoires de zombies humoristiques. Par exemple, j’ai démarré sur des histoires de personnages célèbres, j’ai déjà fait quelques petites planches sur Marie-Antoinette, Merlin l’Enchanteur… J’utilise ces personnages célèbres que je peux faire dériver en zombie comme encore Don Quichotte ou Jeanne d’Arc. J’ai pu faire aussi une planche sur Léonard de Vinci et La Joconde de façon à ce qu’ils soient des zombies.
Denis Lapierre, mentor des dessinateurs en herbe
As-tu d’autres activités à côté ?
Denis Lapierre : Je donne des cours à Cultura toutes les semaines pendant 6 heures, où je peux transmettre à des élèves l’envie de dessiner et l’envie de peindre. Parfois, je leur fais faire de l’aérographe, car j’étais fou d’aérographe avant. Je dessinais et faisais des peintures comme des customs de moto par exemple. Les élèves travaillent aux feutres alcool, à l’aide d’une bombe ; on fait du street art. Je peux également les faire travailler à l’aquarelle. J’aurais aimé avoir des cours comme ça, à l’époque.
Ces cours sont-ils ouverts au grand public ?
Denis Lapierre : Oui, mais je ne prends les gens qu’à partir de l’âge de 12 ans. Récemment j’ai eu un petit de 10 ans et quand j’ai vu qu’au bout de 2 heures il continuait à dessiner, je l’ai gardé.
Depuis quand pratiques-tu cette activité ?
Denis Lapierre : Aujourd’hui, je suis rendu à ma onzième année d’ateliers de dessin BD/manga.
Tu arrives donc à lier les cours, tes projets personnels et tes projets professionnels ?
Denis Lapierre : Oui, tout à fait. Après, je ne donne pas que des cours à Cultura. Avec MAKMA, je donne pas mal de prestations en milieu scolaire également.
As-tu d’autres occupations ?
Denis Lapierre : J’organise également le festival de la BD à Gradignan qui s’appelle le Week-end BD, c’est un ancien d’Angoulême qui l’a créé, il y a une vingtaine d’années, mais je suis allé le voir directement pour pouvoir bosser avec lui. Je faisais beaucoup de décoration pour le festival, vu mon métier. J’ai repris la direction du festival depuis six ans maintenant. Cette année, nous avons reçu une quarantaine d’auteurs et nous privilégions essentiellement un public familial. En 2023, nous avons pu accueillir un auteur des comics Star Wars. Nous avons également reçu des Suisses, des Belges, des Espagnols. Ce festival se déroule toujours le premier week-end de novembre. Et cette année, nous avons dénombré environ 8000 visiteurs.
Participez-vous au Festival International de la Bande Dessinée ?
Denis Lapierre : Absolument. Ça fait plus de trente ans que je participe à ce festival. J’ai souvent été en dédicace à Angoulême. Par exemple, quand j’ai sorti le numéro 3 de Châtaigne, ça a très, très bien fonctionné, j’ai fait plus de 140 dédicaces en 3 jours et demi. Et sur Angoulême, j’ai fait un beau chiffre, car ce petit livre jeunesse est au milieu de tous les auteurs qui y sont présents. Je suis donc assez fier, car j’ai vu que c’était un beau produit et je ne croyais pas que ça allait fonctionner aussi bien.
Le roi des shots
Il paraît qu’à Angoulême, tu as un petit surnom ?
Denis Lapierre : À Angoulême, on me surnomme « Shooter Man », car je suis le spécialiste des shooters. On me surnomme ainsi car j’emmène toujours des petits shooters, je faisais mes petits mélanges avec mon rhum. Je fais aussi des shooters flambés avec mon chalumeau. C’est Albert Carreres, le dessinateur de Z United, qui m’a baptisé Shooter Man.
As-tu d’autres surnoms ?
Denis Lapierre : Une fois, Edmond m’a appelé pour faire une animation lors de la sortie du film Green Lantern, nous sommes allés le voir et nous devions débriefer le film avec les spectateurs par la suite. Sauf que pendant le film, il y a une scène où un personnage dit « c’est notre mentor ». Et comme il le prononçait comme moi (« main-tor » au lieu de « menthe-or » comme Edmond), tout le monde a été scotché. On en a beaucoup discuté, et ce surnom est resté.
Travailles-tu avec d’autres entreprises que MAKMA ?
Denis Lapierre : Normalement, je ne travaille qu’avec MAKMA, mais j’ai une autre corde à mon arc. Je fais aussi du body-paint. Sur Bordeaux, je suis spécialiste du maquillage corporel pour des événements. Récemment, j’ai réalisé un body-paint pour le casino Barrière de Bordeaux-Lac lors de la soirée du 31 décembre. Je travaille également avec des bars à bière pour maquiller tout le monde lors d’Halloween, en zombie par exemple.
Merci à notre mentor, Denis Lapierre, d’avoir accepté de répondre à nos questions !