Arnold Petit, webnoveliste de Zombis contre Zombis

Publié le 11 mars 2024
Arnold Petit, webnoveliste de Zombis contre Zombis. Arnold Petit, webnoveliste de Zombis contre Zombis.

Bienvenue dans l’univers fascinant d’Arnold Petit, un artiste multifacette qui jongle avec brio entre l’écriture d’horreur, la musique métal et la création de contenus. Aujourd’hui, nous avons l’opportunité de découvrir les coulisses de son monde créatif, en mettant en lumière sa dernière œuvre littéraire : Zombis contre Zombis, un webnovel d’épouvante paru récemment sur la plateforme Neovel. Accompagnez-nous pour plonger dans les profondeurs de l’horreur et explorer les multiples facettes de cet artiste hors du commun.

Salut Arnold, peux-tu parler de tes nombreuses activités à nos lecteurs ?

Arnold Petit : Je suis traducteur littéraire de métier depuis dix ans maintenant. Lecteur et cinéphile compulsif, je suis aussi rédacteur et journaliste cinéma pour les revues LÉcran Fantastique et Art de Cinéma, ainsi que chroniqueur occasionnel sur le site Superpouvoir. Je suis le fondateur de la chaîne YouTube La Grande Hanterie où je chronique et analyse depuis 2018 le cinéma d’épouvante et la littérature fantastique et je co-gère également le site Tim-Burton.net, qui couvre depuis plus de 20 ans maintenant toute l’actualité du réalisateur.

L’an dernier, j’ai signé mon tout premier travail d’auteur en rédigeant Les Monstres, une série audio culturelle diffusée auprès du travail d’autres autrices et auteurs sur le podcast Quantum Explorer, une très belle expérience.

Je suis aussi chanteur à mes heures perdues dans des groupes qui font du bruit, mais pas que. En résumé, j’aime ce qui fait un peu peur, mais pas trop.

Quel est ton rôle chez MAKMA ?

Arnold Petit : Je suis Makman depuis maintenant un peu plus de 4 ans. Je travaille au sein du studio en tant que traducteur depuis l’anglais pour les formats comics et webtoon, deux médias très différents mais tout aussi passionnants l’un que l’autre. En comics, j’ai eu la chance de bûcher sur des auteurs et univers qui correspondent entièrement à mes goûts et mes délires : le Basketful of Heads de Joe Hill et sa suite, le one shot Year of the villain : Joker, scénarisé par John Carpenter (s’il vous plaît) chez Urban Comics ; et aussi plusieurs numéros de Haunt of Fear et Vault of Horror chez Akileos (que du bonheur).

Côté webtoon, je suis le traducteur de deux séries : La Jacinthe Violette, une série de mystère dans une ambiance légèrement steampunk, au suspense bien ficelé et aux personnages très attachants ; et la comédie d’horreur Boyfriend of the Dead, dont l’anti-héros est un zombie fin gourmet. C’est une petite saga entre romance et horreur, bourrée de références à la pop culture et pleine d’un humour totalement absurde. C’est très amusant.
Et depuis quelques temps maintenant, j’endosse la casquette d’auteur, ayant rédigé tout d’abord un volume de la collection Planète Metal (Hachette) autour de Rob Zombie (ça ne s’invente pas) et aujourd’hui en étant chargé de l’écriture de ce qui est ma toute première fiction publiée : le webnovel Zombis contre Zombis. On peut y voir comme qui dirait un certain pattern, non ?

Une appétence pour l’horreur et l’épouvante

Tu es auteur, spécialisé dans l’horreur et l’épouvante. Qu’est-ce qui t’a initialement attiré vers ces genres-là ?

Arnold Petit : Aussi loin que je me souvienne, le fantastique et l’horreur sont des univers qui m’ont toujours plu. Pas du tout pour des raisons malsaines, d’ailleurs je n’apprécie par le gore pour le gore, ce serait trop facile. J’aime les mondes de la fiction, je leur trouve une dimension tout à fait cathartique. Et sans nier l’importance – la nécessité même – du principe d’évasion, je pense qu’il est toujours important d’avoir dans nos divertissements quelque chose qui nous rattache à notre monde bien réel et à notre société dysfonctionnelle. Ce que l’épouvante fait merveilleusement bien, quand le récit est bien géré, tout du moins. Pour prendre l’exemple le plus évident, Stephen King l’a merveilleusement compris. Au-delà de ce que le grand public tient surtout à retenir, que ce soit un clown tueur, un chien enragé, ou des désaxés hantés par des fantômes dans un hôtel flippant, ses romans sont avant tout de grandes histoires réalistes, centrées sur les personnages, des individus en perte de repères ou qui voient leur quotidien bien rangé bouleversé par le surgissement du surnaturel, mettant ainsi à jour tous les non-dits et autres dysfonctionnements internes de leur existence et de leur communauté.

J’aime cette dimension-là, que ce soit dans les écrits ou le cinéma, le fait que l’on n’est finalement pas autant au sommet de la « chaîne alimentaire » qu’on veut bien le croire. Il y a toujours ce truc-là, tapi sous la surface, tout prêt à nous ramener au bas de l’échelle ou à nous faire revoir nos positions, voire nous ouvrir les yeux, parfois avec beaucoup d’ironie. L’horreur est toujours plus plaisante avec une certaine dose d’humour. Des cinéastes comme John Carpenter, George A. Romero, ou plus récemment Jordan Peele l’ont bien saisi. Et puis, soyons sérieux : toutes les histoires sont beaucoup plus cool quand on y met un monstre !

Quelles sont tes principales sources d’inspiration lors de l’écriture de récits d’horreur ?

Arnold Petit : Je ne dirais pas que je fonctionne en terme d’inspirations « conscientes ». Je pense suffisamment connaître le genre et ses mécaniques comme des acquis qui ressurgissent par endroits. Je sais quels univers j’apprécie, principalement tout ce qui touche à l’horreur surnaturelle ou à la littérature gothique. J’aime la figure du monstre par exemple, comme protagoniste à part, mis à l’écart. Le freak, comme on dit généralement. Mais le freak triomphant, celui sur qui on ne miserait pas grand-chose mais qui, finalement, inverse la tendance. Si on me propose un récit d’horreur où le héros serait Judd Nelson ou Anthony Michael Hall de The Breakfast Club, j’y croirais forcément plus que si le héros était, je ne sais pas… The Rock, par exemple. Je me souviens d’un vieux projet de film où il était question de remaker un de mes films d’épouvante classiques favori, Le Loup-Garou (1941), avec The Rock dans le rôle-titre. Sérieusement, ils l’ont bien regardé, le gars ? Il fait déjà peur ! Le voir se changer en loup-garou me rassurerait presque. Ça n’aurait aucun sens… Bref, si j’écris, quelle que soit l’influence qui prévaudra à ce moment-là, l’important pour moi restera toujours l’authenticité des personnages.

Pour Zombis contre Zombis, le webnovel que je rédige pour Flibusk, le concept historique m’a renvoyé à des films que j’adore dans cette veine, dont on ne parle pas beaucoup. Je songe par exemple au Vorace (1999) de Antonia Bird, un incroyable film d’horreur d’époque sur fond de cannibalisme, avec Guy Pearce et un Robert Carlyle en roue libre. Ginger Snaps 3: The Beginning également, un film de loup-garou féminin dans un ouest sauvage brumeux à mort et le Sleepy Hollow de Tim Burton dans une certaine mesure. Ainsi que les vieux films de Jacques Tourneur comme I Walked With a Zombie, le White Zombie de Victor Halperin avec Béla Lugosi, L’invasion des morts-vivants des studios Hammer et, bien sûr, deux influences majeures que m’ont tout de suite évoqué le pitch de base de l’histoire pour l’aspect fantastique tropical : Zombi 2 de Lucio Fulci et le fabuleux L’Emprise des Ténèbres de Wes Craven, le meilleur film de zombie haïtien que vous verrez de votre vie.

Beaucoup d’influence en provenance du septième art donc, mais je l’assume pleinement car le zombie cannibale qui s’oppose historiquement et par nature au zombi haïtien est une pure créature de cinéma qui n’aurait jamais existé sans La Nuit des morts-vivants de George A. Romero, le maître étalon du genre, mon film de zombies favori et forcément ma source d’influence première pour cette histoire.

Peux-tu nous parler de ton processus créatif lorsque tu écris des histoires d’horreur ? Comment développes-tu tes idées et construis-tu tes personnages ?

Arnold Petit : Plutôt instinctivement, je dirais. Tout d’abord, je crois que j’apprécie l’idée de la limitation narrative dans le temps et l’espace. Pour ZvZ, j’ai été typiquement attiré par le concept d’un récit d’horreur dans un contexte historique et donc à une époque où toute la technologie moderne ne peut pas aider les personnages. Comme l’a dit un réalisateur que j’ai interviewé une fois, tout bon récit devrait même se passer de technologie. Dans ZvZ, la technologie est un concept alien dans le plus pur sens du terme, il tient presque de la magie, mais pas spécifiquement non plus. C’est un entre-deux en fait, entre science et mysticisme. Comme le fantastique selon Todorov. Pour moi, l’épouvante doit se jouer sur ce moment d’incertitude entre le réel et l’impossible. Au milieu de ça, comme je le disais, il y a des personnages et c’est souvent en songeant à des archétypes avec lesquels je pourrais jouer au fur et à mesure de l’histoire que je les trouve, ainsi que les événements qui vont se développer autour d’eux pour faire progresser le récit. Si je dois passer du temps avec eux, et le lecteur aussi, autant que les protagonistes soient les plus authentiques et attachants possibles, tout en étant surprenants par moments. J’essaie donc avant tout d’être à leur place, de mettre aussi un peu de moi dans chacun d’eux pour anticiper leurs actions, qu’elles soient avisées ou discutables, car nous sommes tous faillibles et nous le serions encore plus devant une menace telle qu’une invasion de morts-vivants, aussi préparés penserions-nous l’être.

Dans le cadre de l’écriture d’un webnovel, j’avoue parfois avancer au feeling, car nous sommes, comme pour le webtoon, tenus de rendre des chapitres de manière hebdomadaire, ce qui est un rythme parfois complexe et exigent, même si je travaille personnellement plutôt bien sous la pression. Il y a des semaines où je ne savais absolument pas où aller ni ce que les personnages allaient vivre. En soi, cela m’a conduit vers des sentiers que je n’aurais pas envisagés autrement et le résultat est parfois positivement surprenant.

Qu’est-ce qui, selon toi, distingue une bonne histoire d’horreur d’une histoire ordinaire ?

Arnold Petit : Je serais assez mauvais juge car il existe aussi des « histoires d’horreur ordinaires » qui n’ont pas grand-chose d’exaltant. De plus, la perception de l’horreur, comme l’humour, est propre à chacun et tout le monde ne réagit pas de la même manière, ce qui rend l’exercice plus compliqué. Je me souviens que lors d’un atelier d’écriture, un écrivain a partagé avec le groupe ce qu’était selon lui sa perception d’une bonne histoire d’horreur, à savoir coucher sur papier ce qui nous terrifie ou nous révulse personnellement au niveau le plus intime – il citait comme exemple l’excellent Graham Masterton qui, il est vrai, prend rarement de gants dans ses descriptions. C’est une méthode qui se défend, mais cela peut sembler un peu voyeuriste ou même facile selon moi. La plupart des gens te diraient par exemple qu’ils ont peur des araignées ou des poupées. Pour moi, ce sont là deux tropes très communs et usés. Pour ma part, le zombie m’a toujours terrifié, dans le sens où il représente ce qui a été, qui n’est plus, mais qui est encore là malgré tout sous une forme dénaturée et atroce qui nous en veut à nous. De prime abord, j’adore juste la figure du cadavre qui titube depuis que j’ai vu le clip de Thriller de Michael Jackson quand j’étais gamin (gros traumatisme, d’ailleurs) mais ma psy n’est pas tout à fait d’accord…

En tout cas, lorsque je décris de la violence concrète dans l’histoire, c’est à dose plus ou moins homéopathique et presque toujours lors d’un point culminant sur le plan émotionnel. Le comic book The Walking Dead et même George A. Romero dans ses films l’ont très bien fait. Je garderai toujours en tête l’éviscération de l’odieux capitaine Rhodes à la fin de Day of The Dead, littéralement déchiré en deux par une horde de zombies… et le voir y survivre quelques instants en étant dévoré vivant. Et ce n’est pas du cartoon, c’est extrêmement concret. Quel choc ça a été, et c’est sans nul doute l’effet spécial le plus imposant de tout le film, qui va ici de pair avec la satisfaction de voir cette ordure mourir comme il l’a mérité. La logique est tout aussi vraie avec un personnage adorable. Qui peut prétendre ne pas avoir été sous le choc lors de la mort très graphique de Glenn dans TWD ? Levez la main…

Cela dit, on retrouve dans les récits d’horreur les plus récents une volonté d’aborder par le biais du fantastique des thématiques difficiles du quotidien et qui nous concernent toutes et tous à tous les niveaux. Je songe par exemple au récent film australien Relic (2020), une histoire de fantôme qui est une parabole sur comment une petite cellule familiale majoritairement féminine doit gérer la maladie mentale dégénérative de la matriarche mourante, quelque chose auquel nous pourrions tous être confrontés un jour. Les mouvements #MeToo ou #BlackLivesMatter ont aussi donné naissance à des films d’horreur bourrés de rébellion et d’envie de survivance aux traumatismes. Le récent The Power (2021) a été pour moi un gros coup de cœur. L’horreur est un genre intéressant et mutant qui s’adapte à toutes les époques pour dénoncer quelque chose ou pour bousculer la société et la faire évoluer subrepticement. On se rend encore mieux compte des inégalités, de l’absurdité humaine, ou des manquements sociaux par le prisme de la fiction horrifique. C’est en ce sens qu’il est génial et selon moi supérieur à la plupart des genres. C’est un genre conscient.
Le zombie, au-delà de son aspect choc, est un superbe vecteur pour dévoiler tout ça. Il est autre tout en étant nous, c’est un pantin consommateur décérébré comme de nombreuses personnes parmi nos concitoyens. Il convertit à tour de bras, son mordant fait des adeptes… De fait, il pourrait tout à fait s’adapter à un monde où on s’écharpe sur Twitter et l’intelligence artificielle fait débat, par exemple. Et pour le côté psychologique et analytique, c’est du pain béni !

Après, une histoire d’horreur qui assume entièrement son postulat pour faire un délire rétro a tout autant les moyens de m’amuser, s’il va réellement quelque part. Personnellement, je ne connais pas la notion de plaisir coupable. Pour moi, il n’y a que le plaisir. Je m’éclaterai toujours devant un bon Vendredi 13 ou un vieux slasher 80’s des familles. Ça n’avait peut-être déjà rien de très sophistiqué à l’époque, mais en substance, ça disait vraiment quelque chose sur la jeunesse américaine et toutes les contradictions du régime Reaganien. C’est passionnant tout ça.

Zombis contre Zombis : mission pour un webnoveliste

Comment envisages-tu l’avenir de ton travail dans le domaine de l’horreur et de l’épouvante ? Y a-t-il des projets spécifiques sur lesquels tu travailles actuellement ? 

Arnold Petit : J’aimerais sincèrement que mon appétence pour l’épouvante et le fantastique soit le fil rouge de mon parcours professionnel sur le long terme, mais la chose est plus facile à rêver qu’à concrétiser. Il faut se démener, bien faire savoir ce qu’on aime, où on gère… et de plus, tout l’amour que j’éprouve pour une chose ne signifie pas pour autant que j’en sois un bon artisan, loin s’en faut. J’espère ainsi pouvoir continuer à allier passion et travail, à être un apôtre du genre à mon niveau (tout de suite, les grands mots), et peut-être même finir par être considéré comme un spécialiste inévitable, qui sait ? De par mon activité, je vis avec mon imaginaire, j’en ai même besoin et c’est autant un luxe qu’un privilège lorsque ça se concrétise.

En ce sens, qu’Edmond Tourriol ait songé à moi pour écrire Zombis contre Zombis a été extrêmement flatteur et excitant. Il savait que je savais écrire et que je connaissais bien la littérature d’épouvante, mais rien ne garantissait que je saurais rédiger une fiction sur le sujet, je l’en ai même bien averti – alors que soyons francs : écrire de la fiction est l’un des grands défis que je me suis fixé dans la vie, même si je souffre à la base du syndrome dit de George MacFly qui fait que j’ai très peur qu’on me lise.

Mais il m’a fait confiance tout en m’accordant carte blanche pour m’approprier l’univers, et je lui en sais gré. Coup de chance, il a vraiment apprécié mes propositions dès le premier chapitre de ZvZ. Je ne connaissais pas le concept du webnovel. Pour moi, il s’agissait tout simplement d’un roman dématérialisé, rien de plus. En réalité, il y a toute une formule derrière le format, une logique de rédaction interne qui a nécessité que je tire un peu la bride sur certains tics d’écriture qui me viennent de mes influences inconscientes. Je suis fan de littérature du XIXe, avec toutes ses formules à rallonge bien pompeuses (merci Poe, Lovecraft et Dickens), mais qui ne sont pas très bien adaptées au lectorat plus occasionnel des webnovels. En définitive, j’ai dû mettre un peu d’eau dans mon vin comme on dit, mais sans jamais avoir à trop me désavouer, ce qui fait que ça n’a pas été frustrant bien longtemps. Merci à Angélique Dammekens, notre excellente superviseuse littéraire, qui m’a donné elle aussi beaucoup de confiance en moi.

À l’heure où je réponds, je mets la dernière main au premier tome de ZvZ, qui en comptera deux. Je compte me plonger davantage dans une dimension mystique du vaudou, tout en exploitant d’autres influences plus conscientes, comme le Frankenstein de Mary Shelley, entre autres. J’espère rester surprenant vis-à-vis des personnages et proposer quelques scènes « choc » jusqu’à un final qui, je l’espère, servira l’univers surnaturel des publications Flibusk.

Autrement, je ne vais pas tarder à traduire un roman fantastique pour une toute nouvelle collection à paraître chez un éditeur, mais il est encore trop tôt pour en parler. La tâche s’annonce excitante, à tout le moins !

Comment aimerais-tu que tes lecteurs perçoivent ton œuvre et quel message aimerais-tu leur transmettre ?

Arnold Petit : Sincèrement, je pense qu’il serait présomptueux de ma part de penser que mon « œuvre » soit porteuse d’un quelconque message, surtout à un stade aussi précoce. Ceci étant dit, je pense que chaque « écrivain » (oui, j’ai encore du mal à me considérer comme tel) porte en lui quelque chose de personnel et qu’il ressortira forcément une facette de sa personnalité dans un livre ou autre, et que cela sera plus clair au fur et à mesure. Un peu comme un sportif de bon niveau qu’on regarde évoluer au fil des matches et dont on se dit que son style est bien là, qu’il fait la différence sur le terrain au milieu d’autres joueurs. En ce sens, j’espère que ZvZ sera perçu comme une agréable curiosité par les lectrices et lecteurs, qu’ils voudront y revenir et sentiront un vent de frisson à chaque chapitre. Et qu’ils s’attacheront aux personnages, surtout, quitte à craindre de les voir mourir. Qu’ils verront aussi un genre que l’on voit finalement peu en webnovel et que cela créera une demande (on peut l’espérer au moins). Et aussi, peut-être percevront-ils un message caché que je n’ai pas forcément vu moi-même mais qui se dessine en filigrane ? Ce serait amusant, remarque. Je me considère comme quelqu’un d’apolitique, mais cela ne signifie pas que je n’ai pas de conscience morale pour autant, ou que je n’éprouve pas un certain engagement. Le zombie est aussi un reflet des opprimés après tout, et j’ai à cœur d’en parler, je pense. J’ai d’ailleurs fait plusieurs choix en ce sens dans ZvZ qui me semblent simples mais assez évidents à aborder.

Chanteur, YouTubeur et auteur de podcasts

En plus d’être écrivain, tu es également musicien metal. Peux-tu nous en parler un peu ?

Arnold Petit : En effet, je chante du metal à mes heures perdues depuis mes 18 ans. La musique est une de mes passions les plus dévorantes, même si l’écrit et le travail l’ont en soi un peu supplantée – eh oui, kids, spoiler alert : la musique, ça paye que dalle ! Si je suis un auditeur de musique au sens large, le metal est devenu assez moindre dans mes écoutes ces dernières années car je sais qui sont mes artistes fétiches, et ce qui est susceptible de me plaire. Je suis même devenu assez difficile sur les bords, mais j’assume ça très bien. Par contre, je prends toujours beaucoup de plaisir à en jouer parce que c’est incroyablement libérateur et un moyen d’expression à nul autre pareil. J’ai d’abord commencé à jouer de la guitare, puis un peu de clavier histoire de composer des ébauches, mais je connais mes limites : j’ai besoin d’un plaisir plus immédiat et concret, avec des musiciens vraiment talentueux pour m’épauler. D’où le fait d’être passé au chant. Dès mes 21 ans, j’ai commencé à prendre des cours en parallèle de mes premières vraies expériences en groupe, en studio et sur scène. J’adore le processus créatif, voir la musique se concrétiser au fur et à mesure, mais c’est encore sur scène que je suis le plus à l’aise. C’est avec le groupe parisien Nemost (death mélodique) que j’ai le plus tourné et évolué. Nous avons été dans plusieurs pays d’Europe, sur la scène d’un grand festival à deux reprises, beaucoup composé… L’aventure s’est arrêtée pour moi au bout de huit ans en 2020 et le groupe a mis fin à sa carrière cette année (2024), suite à la disparition bien trop précoce de notre ami et guitariste Samuel Cartron qui composait la moitié des morceaux depuis ses débuts. Nous avons partagé une ultime scène en son honneur – un vrai, grand moment d’émotion et de sueur !

Dans l’intervalle, je suis devenu le chanteur du groupe Not Bad qui, ô surprise, est un groupe dit de spooky metal avec une esthétique horreur retro et des influences groovy et mélodiques à la Rob Zombie. Nous avons sorti un album en 2023 (Spook up your life) et nous allons retourner sur scène pour le défendre. Chaque concert sera un petit spectacle à part entière, avec des décors, des comédiens et beaucoup de bonne humeur. Là encore, j’ai dirigé le côté artistique (un bien grand mot) et les thématiques générales pour que les musiciens (ceux qui ont vraiment du talent donc) puissent composer la musique autour de ça. Je gère mes paroles et compose mes lignes. Tout ce que j’aime se retrouve donc dans un seul projet. C’était une bonne façon de conjuguer plusieurs univers qui me sont chers sans trop me prendre la tête, et de prendre le large vis à vis de thèmes plus introspectifs abordés jusque-là dans mes précédents projets. Cela dit, je ne dis pas non à retrouver cette notion dans un avenir proche si le projet me titille suffisamment, et aussi fonder d’autres projets dans des veines différentes qui me demanderont un peu de travail et d’investissement au préalable. Je rêve de faire de la retrowave, ce mouvement d’électro pop nostalgique typique des années 80, et aussi un projet de musique païenne, pourquoi pas ? Bref, rien à voir !

Comment cette passion se reflète-t-elle dans ton travail d’auteur ?

Arnold Petit : Eh bien au-delà du fait que je tiens mordicus à écrire moi-même tous mes textes et que j’écoute sans cesse de la musique en travaillant, elle ne s’y reflète pas tellement, finalement. On associe au metal et même au musicien de manière générale un petit côté rock ’n roll et insolent. Peut-être que ça se reflète chez moi dans mes écrits ou mes traductions ? Aucune idée, je suis même parfois timide sur ce plan-là, même s’il m’est parfois arrivé d’aller un peu loin quand il ne fallait pas. Par exemple, en tant que rédacteur chez L’Écran Fantastique, ce n’est pas quelque chose auquel je peux donner libre court, car le degré de rédaction exigé est très précis et aucun mot ne doit tenir du langage ordurier ou vulgaire – qui, soyons clairs, n’est jamais une nécessité. Si je dois trahir quelque chose (ce qui est, par contre, souvent nécessaire), il faut que ça se justifie quand même.

En revanche, j’ai quelques histoires en tête et depuis longtemps maintenant, celles-ci se déroulant parfois dans le milieu de la musique que je connais bien, y compris ses aspects les moins reluisants ou discutables. Pour le coup, à force d’écrire certaines choses, je « vois » parfois des motifs se dessiner en filigrane dans mes récits, dont des choses ou des événements sur lesquels j’aime bien « taper » pour ainsi dire. On en revient au concept de la fiction comme métaphore de notre monde, finalement. Et si on y ajoute en plus des éléments fantastiques, du super-héroïsme ou des monstres… alors là, pour moi on toucherait au sublime ! Je sais que j’aimerais arriver à concrétiser des choses comme ça – et vu comme le temps file, je ne vais plus trop pouvoir me permettre de glander à ce sujet.

Parlons de ta chaîne YouTube. Ça fait longtemps que tu l’as ? Quel type de contenu proposes-tu ?

Arnold Petit : J’ai fondé La Grande Hanterie en janvier 2018. La chaîne a d’abord été envisagée comme une page Facebook où je parlerais de toute ma passion pour la littérature fantastique et d’épouvante dont le monde littéraire français ne parle finalement que peu. Il s’agit de la niche la moins riche de la sphère SFFF chez nous alors qu’il existe aujourd’hui un véritable lectorat dormant pour ça, mais passons.

Toutefois, je me suis vite rendu compte qu’avec l’intensité de mon travail de traducteur, mon temps de lecture était très réduit. Aussi, j’ai ajouté le cinéma, cette autre obsession, à l’équation. Puis, inspiré par ce que je voyais sur YouTube et par un certain besoin de la mise en scène (ce qui découle sans doute de mon profil d’homme de scène, va savoir), je me suis dis que je devrais tenter le format vidéo. Ainsi suis-je arrivé sur la plateforme, avec comme envie de défendre le cinéma d’horreur invisibilisé, plus ancien, et méconnu. Le but étant en fait de dévoiler toute la richesse que contient le genre, à quel point il est ancré dans le tissu même de l’Histoire du cinéma et combien les films plus modernes lui doivent. La littérature est revenue sur le tapis avec un format spécial intitulé Hantez Sans Frapper où je parle exclusivement de livres et bande dessinées fantastiques. Je chronique parfois des films qui font l’actu dans La Chronique Fantastique, de séries télés, des blu-rays et aborde aussi des thématiques spéciales – ma vidéo sur les origines de La Famille Addams a, par exemple, dépassé les 500.000 vues au moment de la diffusion de la série Mercredi sur Netflix. Autrement, cela reste modeste en termes de vue et d’audience, mais ça augmente petit à petit. L’idée était de créer une ambiance feutrée éclairée à la bougie, très Contes de la crypte, avec un ton plus analytique qu’ironique – le ton YouTube typique qui ne me parle pas vraiment. Quelque chose qui me renverrait au temps des horror hosts comme Elvira, Vampira ou notre Sangria nationale dans Les Accords du Diable (si vous n’avez pas cette réf, ce n’est pas que je suis trop vieux : je connais bien mon sujet, nuance).

Je continue La Grande Hanterie aussi régulièrement que possible dès que j’ai un peu de temps devant moi, mais je la recentre maintenant majoritairement autour des formats qui m’apportent le plus de satisfaction.

Tu écris également un podcast, quels sont les sujets que tu souhaites aborder ?

Arnold Petit : Pour être plus précis, j’ai écrit un podcast pour le compte de Quantum Explorer, une agence de voyage quantique qui propose à l’auditeur de voyager à travers le temps et l’espace via des contenus audio immersifs. Ainsi, tu peux te plonger dans le cosmos et découvrir tous les secrets de l’aérospatial via la série « Vers l’Infini », découvrir les rites et cultures d’antan dans « Civilisations Antiques » ou même l’histoire de la psychanalyse. Les autrices et les auteurs sont des spécialistes de la question abordée et ce sont des voix très connues qui t’accompagnent au cours de ton voyage – comme Benoît Allemane par exemple, cultissime voix française de Morgan Freeman.

Mon programme s’intitule « Les Monstres » (étonnant, non ?) et se présente sous forme de courts épisodes compris entre 5 et 7 minutes dont chacun récapitule le parcours d’un monstre bien précis à travers l’histoire et la culture populaire. Chaque salve d’épisodes est classée par thème (exemple : les vampires à travers l’histoire, les monstres du folklore, etc.) et est diffusé à raison d’un par jour – les séries s’enchaînant à intervalles réguliers, en mode saute-mouton. Le dernier épisode de ma série sera diffusé fin juillet / début août. J’ai rejoins cette folle aventure sous l’impulsion de l’excellente productrice Chloé Luizard, qui là encore, un peu comme Edmond, m’a immédiatement fait confiance pour rédiger ce projet, qui est mon tout premier travail d’auteur professionnel. Mon narrateur est le comédien Emmanuel Karsen, que j’ai personnellement choisi pour incarner le professeur Van Helsing, le spécialiste de la question du surnaturel qui présente la série. C’est non seulement un acteur extrêmement talentueux, mais sa voix parcheminée, doucereuse et inquiétante était aussi absolument parfaite pour cet univers macabre. En plus d’être la voix régulière de Sean Penn, il est aussi, après tout, la voix de Daryl Dixon dans The Walking Dead et du démon Ruyk dans le manga Death Note. Qui de plus approprié, donc ? Il a très vite accepté et je suis aux anges chaque fois que je l’entends déclamer mes textes.

Pour l’heure, nous enregistrons de bons taux d’écoute et Quantum Explorer doit encore évaluer s’ils seront suffisants pour justifier une saison 2. Rien n’est dit quant à une seconde saison des Monstres bien sûr, mais je signerai les yeux fermés si cela se présente.

Merci Arnold, pour ce voyage au cœur de l’épouvante et de la créativité. C’est promis, nous ne manquerons pas d’aller écouter Les Monstres sur Quantum Explorer !

Pour découvrir le webnovel ZvZ écrit par Arnold Petit, rendez-vous sur Neovel !

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