Rencontre avec Tim Cadic, scénariste passionné de football

Publié le 25 novembre 2025
Tim Cadic, scénariste BD passionné de football

Dans cette interview, où l’on découvre à la fois le travail de Tim Cadic, son métier de scénariste et la place centrale qu’occupe le football dans son inspiration, Tim revient sur son approche de la création et sur les histoires qui le poussent à écrire. Parmi ses réalisations, on compte le script du manga Captain Tsubasa Anime Comic printoonisé à partir de l’anime. Plus récemment, il a travaillé sur la BD du centenaire du FC Lorient, mais ici, il nous parle avant tout de son parcours et de sa vision.

Extrait de la BD du centenaire du FC Lorient
Extrait de la BD du centenaire du FC Lorient, À la recherche du damier à galons, d’après un scénario de Tim Cadic

La méthode de travail de Tim vu à travers son rôle de scénariste

Quand tu commences un nouveau projet de création, par quoi débutes-tu : l’univers, les personnages ou la structure de l’histoire ?

Tim Cadic : Après avoir eu l’idée de base, c’est-à-dire la problématique et le début de l’aventure, c’est avec la création du personnage principal que je commence mon travail. Qui est cette personne ? D’où vient-elle ? Quels sont ses rêves ? Sa culture, ses compétences, ses habitudes, qualités, défauts, etc. Je réponds à tout un tas de questions avant de modeler la structure de l’histoire. Pour ma part, l’univers est un travail de longue haleine qui vient s’ajouter après avoir écrit la trame du récit.

Script de scénariste football
Extrait d’un script par Tim Cadic

Tu as travaillé sur plusieurs adaptations, mais aussi sur des créations originales. Qu’est-ce qui change le plus dans la façon d’écrire entre les deux ?

Tim Cadic : Les adaptations ne laissent pas beaucoup de marge pour se montrer créatif, et c’est bien normal. Quand tu travailles sur l’adaptation d’une œuvre comme Captain Tsubasa, il n’y a rien à ajouter au lore de la franchise, tout est déjà là. Ton but est de sublimer le travail de l’auteur et de faire passer les messages centraux de son œuvre sous un angle qui frappera le lecteur de plein fouet.

Je dirais que ce qui change le plus vis-à-vis d’une création originale, c’est le travail d’humilité et de respect que tu dois au créateur originel. Peu importe si tu es d’accord avec lui concernant les choix des personnages, les bouleversements du scénario ou la morale de l’histoire. Les seules libertés bonnes à prendre sont celles qui ne dénaturent ni le propos de l’auteur, ni le cœur du récit, ni l’âme du héros. Si tu touches à ces éléments, autant partir sur une création originale plutôt que de bousiller le travail de quelqu’un.

Captain Tsubasa Anime Comic
Captain Tsubasa disponible aux éditions Nobi Nobi

Comment trouves-tu le ton juste pour parler à un public jeune sans le prendre de haut, surtout quand il s’agit de sport ?

Tim Cadic : J’aime la façon dont Bill Watterson écrivait. Son œuvre, Calvin et Hobbes, s’adresse de prime abord aux enfants, mais le ton et les thématiques sont intergénérationnels. C’était plaisant de lire une BD où j’avais l’impression que l’auteur ne me prenait pas pour un morveux. Je garde donc ceci en tête : les enfants ou préados qui font l’effort de lire sont souvent des curieux, peu crédules et dont l’innocence est déjà un peu partie. Je prends d’abord en compte cet aspect quand j’écris une aventure soi-disant destinée aux enfants. Je ne pense pas que le sport fasse exception à ce sujet.

Tim Cadic, scénariste, et sa BD d'enfance Calvin et Hobbes
Tim Cadic en pleine lecture de la BD Calvin et Hobbes

Selon toi, qu’est-ce qui fait un bon scénariste de BD aujourd’hui ? L’imagination, la rigueur, la culture populaire… ?

Tim Cadic : Ce qui fait un bon scénariste, c’est d’abord son envie de se mettre à nu dans l’œuvre qu’il a à proposer, de tout donner, de ne pas hésiter à passer des heures, des jours, des semaines à modifier, raturer et même tout recommencer pour toucher sa cible avec le plus de justesse possible. Un bon scénariste, comme tout artiste, se doit de se sentir toujours élève, autant face à sa création que face au monde qui l’entoure.

Le football comme source d’inspiration dans le travail de scénariste de Tim Cadic

On sent que le football revient souvent dans ton travail. Qu’est-ce que ce sport t’inspire sur le plan narratif ?

Tim Cadic : Le football est pour moi une pièce de théâtre perpétuelle à chaque match. Ce sport m’inspire de bien des manières. Quand je regardais jouer Zlatan, j’avais envie de me battre sur du hard rock en haut d’une montagne, mais quand je voyais dribbler Zidane, ça m’inspirait les pleurs sur le Requiem de Mozart.

Ton regard de scénariste a-t-il changé ta manière de regarder un match ?

Tim Cadic : Non, j’ai toujours regardé les matchs avec un œil passionné.

Si tu pouvais écrire une BD librement sur le monde du foot, sans contrainte ni commande, quel type d’histoire aimerais-tu raconter ?

Tim Cadic : J’aimerais vraiment raconter la vie de Thierry Henry en BD. Sinon, j’ai un shōnen dans la veine de Captain Tsubasa dans mes cartons, une histoire bien épique qui se passe en lien avec la Ligue 1. Il faudrait que la Ligue de Football Professionnel nous recontacte, ce serait top !

Enfin, question de supporter : si tu devais choisir un moment du football qui mériterait sa planche de BD culte, ce serait lequel ?

Tim Cadic : Sans hésiter, le jour où Henry a fait son grand retour à Highbury. Rien que d’y penser, j’ai des frissons.

Cette interview révèle à quel point Tim Cadic, en tant que scénariste, puise dans la dramaturgie du football pour nourrir ses histoires. Merci Tim d’avoir répondu à nos questions !