Stephan Boschat

Publié le 02 septembre 2018
Portrait Stephan Boschat (Photo : Benjamin Viette)

Stephan Boschat ne se contente pas d’écrire des histoires, de lettrer des comics et mangas voire même de traduire des BD, il reste aussi en bonne santé grâce à une alimentation équilibrée et de l’exercice physique.

Stephan Boschat est le cofondateur du studio MAKMA avec Edmond Tourriol. Diplômé en sciences, en communication et en droit, c’est tout naturellement qu’il s’est tourné vers une carrière dans la bande dessinée. Il y est alors devenu le symbole du dévouement à la cause, en endossant le rôle de Capitaine Admirable, et la charge mentale qui va avec. Heureusement, son alter ego Migoto Sen Chu, veille au grain.

Il faut bien comprendre que Stephan Boschat est avant tout un doux rêveur. Depuis toujours, il s’est efforcé de s’adapter à la réalité de notre monde. Mais tout ça, lui échappe. On lui a appris qu’il fallait faire des études pour s’assurer une sécurité financière grâce à un bon travail. Et dans le même temps, il comprenait qu’on n’avait qu’une vie et qu’il fallait vivre de ses passions. Surtout, faire le métier dont on rêvait depuis sa plus tendre enfance.

Stephan Boschat est né à Reims, pas dans le nord, mais pas loin. Une région de France où il a appris à bien prononcer les O et les AU comme les É et les AI. Les sudistes comprendront le message. Il a aussi su rapidement dire Pôpô en lieu et place de papa, et j’en passe. Les faits marquants de cette période jusqu’à ses 12 ans : son meilleur ami s’appelait Le Frisé, il passait une partie de ses vacances dans le cinéma de son grand-père à Quillan dans l’Aude, il dessinait et créait, avec ses copains, des univers inspirés de ses lectures et des dessins animés qu’il adorait comme Capitaine Flam. Il a eu un petit frère, Michaël. Et surtout, il avait un cœur d’artichaut, et à cette époque, les filles le lui rendaient bien.

Il dessinait donc, beaucoup et plutôt pas mal, aux dires de ses proches. Ce passe-temps trouvait surtout son inspiration dans la bande dessinée franco-belge (Tintin, Gaston, Astérix, Pif Gadget pour ne citer que les classiques) et les comics (Strange, Spécial Strange, Titans, Spidey, sans oublier quelques Picsou Magazine). De là est sans doute née l’idée qu’un jour, lui aussi, aimerait vivre de (ou dans ?) la bande dessinée, un univers qu’il n’a cessé d’explorer depuis, jusqu’à la plongée dans les mangas arrivés un peu plus tard sur le marché français. Il avait aimé Cobra. Il a pris une claque avec Akira. Il a définitivement plongé avec Battle Royale.

Et puis, il a été confronté au principe de réalité en traversant l’adolescence et en pénétrant le monde adulte dans les contrées bordelaises. Passés les études, un service journalistico-militaire, l’écriture de nouvelles, les jobs d’étudiant (liés au dessin parfois) dont projectionniste de cinéma ou prof en sciences et mathématiques, les activités sportives variées, les sorties entre copains, notre joyeux drille a finalement dégoté un vrai boulot comme tout le monde. Il s’est retrouvé à la direction d’une entité dédiée à l’aide aux inventeurs : TRANSTECH. Même si de là naîtront deux projets de bande dessinée (Les Inventifs, une idée et après… et La Brigade des Inventifs) et de belles aventures, Stephan a pris conscience qu’il était peut-être en train de passer à côté d’un truc.

C’est à peu près au même moment qu’il s’est impliqué dans une association naissante : Climax Comics. Edmond Tourriol avait lancé un appel à talents dans la revue Comic Box, elle aussi naissante et dont il raffolait. Bien sûr, il pensait faire ses armes comme dessinateur, mais d’autres talents bien plus évidents et utiles à l’époque ont été mis à contribution. Il s’est donc impliqué dans ce qui deviendrait sa spécialité : la gestion de ce que les autres ne semblent pas vouloir faire. C’est sans doute de là, au-delà du film Mystery Men, qu’il faut chercher l’origine de son surnom : Capitaine Admirable. Avec Edmond, ils se sont donc réparti les tâches de gestion administrative, gestion d’équipe, gestion de projets, impression, maquette, lettrage, et écriture d’histoires. Bref, il s’agissait du terreau de ce qu’allait devenir MAKMA.

Après quelques années consacrées timidement à son activité d’auteur/lettreur, c’est depuis 2012 qu’il se consacre quasi exclusivement à MAKMA. Même s’il a toujours du mal à garder les deux pieds dans le même sabot.

Au sein de MAKMA, au-delà de ses activités de gérant, Stephan Boschat a pu structurer une méthode et une équipe autour d’un pôle graphisme, maquette et lettrage capable d’intervenir sur tous les besoins en des temps records. Notre Capitaine Admirable est particulièrement fier d’avoir lettré les trois volumes de Batman Dark Knight (édités ou réédités par Urban Comics), un petit bout de l’événement Doomsday Clock avec Le Badge, et globalement de nombreux titres DC Comics. Il a été également heureux de traduire un épisode de Deadpool de l’espagnol vers le français pour Panini. Plus récemment il est intervenu sur plusieurs titres de Disney Hachette Presse dont Fantomiald, titre qu’il adorait enfant. Avec Edmond Tourriol, ils coordonnent une équipe capable de répondre aux défis du packaging BD (mêlant maquette, traduction, lettrage et relecture) des collections Hachette Marvel : le Meilleur des super-héros, Marvel : la Collection de référence, et Conan sous la supervision de Panini.

C’est surtout son activité de scénariste qu’il savoure le plus. Il écrit peu, comme s’il ne pouvait s’autoriser ces moments que lorsque toutes les autres tâches sont terminées. Il a participé à l’écriture de Mix-Man (série du magazine éponyme chez Milan Presse) et après avoir fait ses armes sur le titre Last Seduxion chez les Humanoïdes Associés (label Shogun), il a eu la chance de créer les histoires du manga Amour Sucré sous le pseudo Migoto Sen Chu (cinq tomes aux éditions Akileos) qui a rencontré un joli succès (meilleures ventes shojo entre 2012 et 2015). Il a ensuite organisé l’écriture collective (à la manière d’une série télé américaine !) du manga Urban Rivals (2 tomes aux éditions Delcourt) et récemment a joué un rôle de script doctor sur le manga Epic Lanes (éditions Hachette Comics). Après ses pseudos, Stephan Boschat a eu droit aux honneurs avec son nom en haut de l’affiche sur la BD Les Sociétés Secrètes (édité par Dargaud).

Stephan Boschat sait aujourd’hui que le champ des possibles est infini à qui sait s’en emparer. Et ses projets, avec le studio, dans la BD, mais aussi l’animation ou les jeux, ne manquent pas ! Et un jour, il écrira et dessinera son propre univers. Mais il garde le meilleur pour la fin.