Wuvable Oaf : interview du traducteur Benjamin Viette

Publié le 03 juillet 2020
Wuvable Oaf Wuvable Oaf

Notre collaborateur Benjamin Viette a récemment travaillé sur l’adaptation française du comic book Wuvable Oaf aux éditions Komics Initiative. Pour l’occasion, nous lui avons posé quelques questions sur sa mission de traducteur de comic books.

Salut, Benji ! Tu viens de boucler la traduction de Wuvable Oaf. Peux-tu nous présenter ce comic américain en quelques mots ?

Benjamin Viette : Wuvable Oaf, si je devais le définir par association d’idées, c’est un comic book qui rassemble des barbes, du métal, des chats et la culture homosexuelle (attention, aucun chat n’a été blessé pendant l’écriture et la traduction de ce bouquin). C’est l’histoire d’amour d’un mec un peu badaud, et c’est bourré d’un humour pas toujours très propre. Le livre est en pleine campagne de financement participatif sur Ulule chez l’éditeur Komics Initiative, et on a jusqu’au 13 juillet pour débloquer un maximum de paliers sympa.

Wuvable Oaf : une campagne de financement déjà réussie

Et donc, comme tu viens si subtilement de le dire, tu en es le traducteur. C’est particulièrement intéressant de travailler sur un livre comme ça ? Peut-être des difficultés liées à la campagne Ulule ?

Benjamin Viette : C’est ça, j’en suis le traducteur. Et non, le fait qu’il s’agisse d’une campagne en crowdfunding n’a rien changé à ma méthode de travail, sachant qu’on m’a confié le bébé une fois les 100 % atteints et que les stretchgoals, s’ils sont atteints, ne seront pas de ma plume.

En revanche, le contenu du livre a été un véritable défi d’adaptation. Sans compter le nombre de bulles parfois délirant (j’ai battu mon record, avec plus de 40 bulles sur certaines pages !), entre les noms des personnages, qui ont pour la plupart une signification bien particulière (et parfois même cachée) en anglais, les paroles de chanson, les noms des groupes et j’en passe, il a fallu faire preuve de beaucoup d’imagination pour que le lecteur ne rate aucun double sens.

Des surnoms subtils à adapter en VF

Tu as un exemple à nous donner ?

Benjamin Viette : Un exemple ? Eh bien, il y a ce personnage qui se fait appeler BuFu, en anglais. Son surnom tronque deux mots (et attention, c’est pas fait pour les enfants) : Butt, et Fucker. Je vous laisse faire l’addition : ButtFucker. Et donc, pour le rendre d’une façon qui me permette encore de faire passer ça pour un surnom et conserver sa réputation, j’ai choisi de l’appeler Sodome. C’est probablement pas la seule solution, mais elle m’a plu parce qu’elle a eu le mérite de me faire rire par sa subtilité.

Et donc, c’était ça pour beaucoup de personnages, d’établissements, de groupes de musiques, etc. Un défi que j’ai relevé avec le sourire (en même temps, on ne peut pas rester de marbre quand on traduit des choses pareilles) et beaucoup de passion.

Wuvable Oaf
Wuvable Oaf : du poil et du gros son !

Une suite au comic book Wuvable Oaf ?

Et en tant que lecteur, qu’est-ce que tu peux nous en dire ?

Benjamin Viette : Eh bien, comme je disais, c’est une histoire d’amour (entre deux hommes, si c’était pas encore assez clair). On a plusieurs chapitres déclinés sous forme de petites saynètes et on rigole presque à chaque page. Enfin, j’espère que la traduction de la BD aura cet effet-là. Bref, en tout cas, on s’attache vraiment aux personnages (à certains, du moins). C’est parfois complètement barré, parfois beaucoup plus terre à terre, et il y a beaucoup de références culturelles, notamment à la musique (The Smiths et Klaus Nomi, mais aussi Slayer, Rage Against the Machine, etc.) et à plusieurs films des années 80/90. Un vrai régal.

Merci Benjamin, et donc, rendez-vous sur Ulule avant le 13 juillet, c’est bien ça ?

Benjamin Viette : C’est ça. D’autant qu’il en existe un deuxième tome. Une préquelle, si l’on peut dire. Qui sait, peut-être que ça viendra un jour ?