Don’t Call Me Magical Girl, I’m Ooxx : interview de la traductrice

Publié le 17 juillet 2020
OOXX t3 Couverture du manhua Don't call me magical girl, I'm OOXX tome 3

Le troisième tome du manhua Don’t Call Me Magical Girl, I’m Ooxx créé par Yang Chi-Cheng et basé sur des personnages imaginés par SimonCreative est récemment sorti en France, édité par les éditions Chattochatto. Cette série étant prévue en six tomes, nous sommes donc arrivés à la moitié de son histoire. Pour l’occasion, nous avons voulu nous entretenir avec celle qui en assure l’adaptation française depuis le mandarin : la traductrice Roxane Gardeil.

Salut Roxane ! Peux-tu nous expliquer un peu ce que raconte le manhua Don’t Call Me Magical Girl, I’m Ooxx ?

Roxane Gardeil : Déjà, contrairement à ce qu’on pourrait penser en ne regardant que la couverture et le titre, ce manhua est un shonen et non un shôjo. Il raconte l’histoire de Sakura, une magical girl débarquée sur terre qui aimerait devenir une humaine normale. Bien sûr, elle n’est pas la seule magical girl dans cette ville, et elle ne s’entend pas forcément très bien avec ses consœurs Miss Air et Métanonne. Pourtant, elles se retrouvent malgré elles à devoir collaborer pour amasser des fonds puisqu’elles sont à l’origine de la destruction d’une partie de la ville. Bah oui, les désaccords quand on a des pouvoirs surnaturels, ça fait des dégâts !

Baston et magical girls

Il y a beaucoup de bagarre dans ce manga chinois ?

Roxane Gardeil : Oui et non, c’était pas mal le cas dans les deux premiers tomes mais Yang Chi-Cheng aime équilibrer tout ça en ajoutant de l’émotion et des chapitres centrés sur le passé et l’évolution de ses personnages. En l’occurrence, le troisième tome est beaucoup plus calme au niveau bagarre. On en apprend davantage sur le personnage de Métanonne (ou Gigi pour les intimes) qui jusque-là n’était qu’une opposante assez agaçante de Sakura, et un peu trop sûre d’elle. Outre l’émotion, il y a un petit côté mystère dans l’histoire qui donne toujours envie de découvrir la suite : on ne sait pas d’où vient Sakura, et une force inconnue semble diriger ces magical girls sans qu’elles s’en rendent compte…

Don't call me Magical Girl, I'm Ooxx tome 3 : planche du manhua.

 

Parlons traduction de manhua maintenant : est-ce qu’il y a certaines choses plus compliquées à traduire que d’autres dans Don’t call me Magical Girl, I’m Ooxx ?

Roxane Gardeil : Eh bien déjà, le fait que ce manhua viennent de Taïwan est un petit défi pour moi ; à l’université j’ai appris à lire, écrire et parler le mandarin de Chine continentale, qui comporte pas mal de différences avec le taïwanais, notamment dans la langue orale, qui constitue la majeure partie du style employé dans Don’t Call Me Magical Girl, I’m Ooxx. Et en plus de ça, les caractères ne sont pas tout à fait les mêmes : même s’ils ont exactement la même prononciation et le même sens, les caractères ne sont pas écrits de la même manière en République Populaire de Chine (c’est-à-dire la Chine continentale) et en République de Chine (c’est-à-dire Taïwan) et ce, grâce à une réforme de simplification des caractères lancée par Mao. Donc je prends un peu plus de temps pour traduire puisqu’il me faut déchiffrer certains caractères que je ne connais pas encore par cœur. À part ça, la traduction des prénoms peut aussi être un sacré défi !

Traduire même les prénoms

Les prénoms ? Comment ça la traduction des prénoms ?

Roxane Gardeil : Eh bien dans le cas de ce manhua, les prénoms donnent des indices sur la personnalité des unes et des autres. J’ai donc trouvé utile, voire nécessaire, de traduire ces prénoms quand cela apportait quelque chose. C’est le côté adaptation de la traduction. Petit exemple avec deux personnages secondaires du deuxième tome : Marylin et Lambrequin. Dans la version originale, leurs prénoms sont des synonymes de races de poissons, en lien avec leur apparence physique dans l’histoire. La première est en référence au makaire, un marlin et la deuxième au requin longimane. Difficile de trouver des homonymes de ces deux races en particulier qui feraient aussi office de prénom en français. Faute de mieux, j’ai essayé de rester au plus proche : Marylin étant le makaire, la référence est assez claire en français. Le petit détail, c’est la manière dont j’ai orthographié le prénom qui, en général, s’écrit Marilyn : avec ma version, si on enlève le « y » de Marylin, on se retrouve tout simplement avec le mot « marlin », malin ! En ce qui concerne Lambrequin, c’est un peu plus tiré par les cheveux : en version originale son nom est donc un homonyme d’une race de requin mais les caractères utilisés désignent plutôt quelque chose de textile donc il m’a fallu un petit moment pour trouver LE bon mot et lambrequin était un joli compromis. D’un côté on retrouve le mot requin et de l’autre, le lambrequin est, entre autres, un bandeau de décoration placé au-dessus des rideaux et qui est donc aussi en tissu !

Don't call me Magical Girl, I'm Ooxx tome 3 : planche du manhua.

 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le fait de traduire des manhuas comme Don’t call me Magical Girl, I’m Ooxx ?

Roxane Gardeil : Même si les prénoms peuvent être un véritable casse-tête pour tenter de garder l’intention de l’auteur et faire en sorte que la version française soit aussi fluide que la version originale, je dois bien avouer que j’y prend, malgré tout, un sacré plaisir ! Une fois que j’ai trouvé une solution qui fonctionne bien, c’est toujours très satisfaisant.

Don’t call me Magical Girl, I’m Ooxx : un manhua rafraîchissant

J’aime aussi beaucoup caler des petites références à destination du public français quand le contexte le permet : avec moi c’est Pâques toute l’année, ha ha ! Ah et puis, il ne faut pas oublier le plaisir de pouvoir utiliser librement un langage très oral avec parfois quelques injures par-ci par-là, ça ravit sans cesse la sale gosse qui est en moi.

Quelle rebelle ! Un petit mot pour la fin ?

Roxane Gardeil : Don’t Call Me Magical Girl, I’m OOXX est vraiment un manhua rafraîchissant au sein des shonen, j’espère que vous aimerez autant le lire que j’ai aimé le traduire !

Ooxx tome 3
Disponible depuis juillet 2020 : Don’t call me Magical Girl, I’m Ooxx tome 3 aux éditions Chattochatto.

 

Merci Roxane, et au plaisir de te retrouver sur d’autres traductions de manhuas du mandarin vers le français !