Rencontre avec Camille Bardes : traductrice de Dr Frost
Nous nous sommes entretenus avec Camille Bardes, la co-traductrice du manhwa Dr Frost publié aux éditions KaMondo. Plongez dans son parcours, ses inspirations et ses réalisations au sein de notre équipe.
Rencontre avec une traductrice de manhwa passionnée
Salut Camille ! Peux-tu te présenter rapidement ?
Camille Bardes : Je m’appelle Camille Bardes, j’ai vingt-quatre ans et je suis traductrice à plein ou mi-temps selon les années. Je suis arrivée à la traduction grâce à ma prof de latin qui m’a transmis sa passion pour le décorticage de texte, et c’est dans l’optique d’en faire mon métier que j’ai entamé une licence LLCER de coréen et une licence LLCER d’anglais après mon bac. Une fois mes licences en poche, j’ai continué avec un master de traduction littéraire.
Quel est ton rôle chez MAKMA ?
Camille Bardes : Je suis correctrice, adaptatrice et traductrice du coréen vers le français. J’ai travaillé sur des webtoons en ligne, des publications papier, et je vais m’atteler prochainement à la traduction d’un webnovel.
Quand et comment as-tu intégré MAKMA ?
Camille Bardes : J’ai intégré MAKMA en mai 2022. J’en ai entendu parler en rencontrant Stephan et Edmond lors d’une convention alors que j’étais encore éditrice. J’ai tout de suite été séduite par la perspective de traduire des webtoons car j’en lisais quelques-uns moi-même. Devenir traductrice me permettait également de coupler un métier qui me plaît à mes envies de voyage.
Dr Frost : le manhwa de Lee Jong-beom
Avec Lucille François, tu es la co-traductrice du manhwa Dr Frost, peux-tu nous expliquer de quoi ça parle ?
Camille Bardes : Dr Frost est le projet de l’artiste coréen Lee Jong-beom. Il a étudié la psychologie à l’université, avant de revenir à sa véritable passion : les webtoons. Après avoir essuyé quelques refus, il a enfin débuté dans le milieu grâce à une série narrant les aventures du Dr Frost, un psychologue et professeur à l’université. Chaque tome propose un cas d’étude différent durant lequel le docteur et son assistante aident un patient à résoudre un problème.
Ce projet m’a beaucoup touchée car à travers les diverses thématiques psychologiques abordées, l’auteur souhaite réconforter son lecteur et lui donner les clés pour aller mieux. La version papier propose notamment des liens vers des sites internet, des interviews de personnes travaillant dans le milieu ou des informations sur les études de psychologie. Un des objectifs de l’auteur étant de démocratiser ce sujet pour que plus de personnes osent se faire aider si elles en ont besoin.
C’est donc l’une des séries sur lesquelles j’ai pris le plus de plaisir à travailler. Le scénario et les personnages me changeaient de mes autres projets et j’ai également accroché au message derrière le webtoon. Avec ma collègue traductrice Lucille François, nous nous sommes partagé la traduction des trois premiers tomes. Le quatrième n’est pas encore planifié, mais j’espère sincèrement qu’il le sera et que la série touchera le cœur des lecteurs français comme elle a touché le lectorat coréen.
La traduction de manhwa pour la transmission culturelle
As-tu effectué beaucoup de traductions pour MAKMA ? As-tu des exemples ?
Camille Bardes : En tout, j’ai travaillé sur sept séries différentes en traduction depuis mon arrivée chez MAKMA, toutes très différentes les unes des autres. Great Expectations par exemple, raconte l’histoire de Hwajeong, une femme douce qui va s’endurcir au fil des pages après en avoir vu des vertes et des pas mûres. Je me suis réellement attachée à ce personnage que l’on voit évoluer tout au long des chapitres. C’était également ma toute première traduction pour MAKMA, donc même si je ne suis pas toujours fière de quelques tournures de phrase malheureuses, c’est avec émotion que je la relis.
Dans La traductrice du Tyran, Laeticia Woods n’a qu’une idée en tête : se tenir bien à distance du palais impérial et de son futur tyran. Objectif irréalisable quand ce tyran n’est autre que Michael, un adorable petit garçon solitaire qu’elle est la seule à comprendre. Malgré un scénario classique de « réincarnation en personnage de roman », je suis vraiment heureuse de travailler sur ce projet. L’histoire est bien ficelée, les dessins sont superbes et j’attends avec impatience les nouveaux épisodes. C’est l’une de ces séries pour lesquelles je me sens autant lectrice que traductrice.
Je travaille également sur des projets qui vont être publiés en papier comme L’enfant des ténèbres ou Ma sorcière à moi. L’un raconte l’histoire de Leslie, une adorable petite fille, persécutée par sa famille, qui va négocier son adoption par la Duchesse la plus imposante de tout l’Empire en mettant en jeu ses puissants pouvoirs. C’est ce que j’appelle une traduction « doudou », c’est toujours un réconfort d’ouvrir mon fichier pour me plonger dans des scènes de vie toutes plus mignonnes les unes que les autres. L’autre est une histoire d’amour entre une sorcière et un humain à travers les âges et les dimensions. C’est aussi une réflexion poétique sur l’amour inconditionnel, la tolérance, et la nature des êtres humains.
J’ai également trois séries en relecture et une série en adaptation. Ces autres expériences de travail nourrissent tout autant ma traduction, car c’est l’occasion d’aller piquer des tournures de phrases, des insultes bien senties, des expressions à remettre au goût du jour, des onomatopées, etc. Cela me permet également de mieux me relire moi-même, ou du moins je l’espère !
En comparaison, comment était la traduction de Dr Frost ?
Camille Bardes : Comme je l’ai dit, mon intérêt pour cette série vient beaucoup du fait de son projet plus ancré dans le réel. La traduction était différente car elle m’a demandé plus de recherches pour comprendre certains phénomènes expliqués dans le webtoon, mais également pour retrouver les bons termes scientifiques en français. Elle me prenait donc plus de temps, mais ce n’est pas pour autant que j’ai moins apprécié travailler dessus, bien au contraire.
Peux-tu nous partager une réalisation, un projet dont tu es particulièrement fière, effectué au sein de MAKMA ?
Camille Bardes : Je pense que Dr Frost est le projet dont je suis la plus fière pour les raisons évoquées plus haut. Il me tient à cœur de transmettre le message de l’auteur à un public francophone, mais aussi de transmettre un pan de culture. Tout est intéressant depuis le contexte dans lequel ce webtoon a été écrit (le pays, l’époque à laquelle il est paru) jusqu’au scénario en lui-même : il témoigne de soucis et d’interrogations propres aux Coréens, mais qui peuvent également entrer en résonance avec un public francophone.
Mais si je devais en choisir un autre, je dirais Ma Sorcière à moi. Je ne suis pas encore arrivée au bout de ma traduction, je n’ai donc pas encore un regard extérieur dessus, mais j’apprécie vraiment la douceur des couleurs, la lenteur d’un scénario qui se laisse porter au gré de ses envies et la poésie dans les dialogues. J’ai accroché à cette histoire d’amour émouvante et je suis vraiment fière de traduire un tel projet. J’aimerais rendre une traduction fidèle à l’esprit de l’original.
Remercions Camille Bardes pour cet entretien. Nous ne doutons pas une seconde du futur succès de Ma Sorcière à moi et encore moins de celui de Dr Frost. Son amour pour les langues et sa volonté de transmettre des messages puissants à travers ses traductions de manhwa sont une source d’inspiration pour nous tous !