De Zlatan à Amour Sucré, en passant par un livre jeunesse
Un livre jeunesse produit par MAKMA ? Les Makmen ont-ils bien travaillé cette année ? Le scénariste et traducteur de comics Edmond Tourriol dresse le tableau, distribue les bons points et dévoile les défis qui attendent le studio MAKMA en 2015 !
Edmond, quelles ont été les plus grandes réussites MAKMA de 2014 ?
Edmond Tourriol : En dehors de l’efficacité que nous avons su maintenir sur l’ensemble des prestations BD que nous réalisons pour les éditeurs français (traduction de comics, lettrage BD, colorisation), je dirais que je suis très fier de trois réalisations BD 100% MAKMA.
Tout d’abord, nos deux séries mangas Amour Sucré (dont le tome 5 vient de sortir chez Akileos) et Urban Rivals (Delcourt) nous ont permis de montrer que notre équipe pouvait rivaliser avec les Japonais, en matière de rythme de production et de qualité. Enfin, notre série humoristique Zlatan Style (Hugo BD) a confirmé son succès avec le tome 2, qui a entraîné la préparation d’un troisième tome.
Et à titre personnel, quelles sont les tiennes ?
Edmond Tourriol : D’une part, je suis très heureux d’avoir su rebondir après la faillite des éditions Kantik, qui a tué dans l’œuf le développement de la série BD Banc de Touche. Zlatan Style, que je scénarise avec la même équipe d’auteurs que Banc de Touche, me permet d’allier deux de mes passions : le foot et la BD !
Par ailleurs, je suis toujours le traducteur de ma série de comics préférée, Walking Dead (Delcourt). Et avec le personnage de Negan, je me marre comme jamais en adaptant ses dialogues pour la VF ! Enfin, comme jamais… À part quand je traduis Lobo pour Urban Comics, bien sûr ! Lobo, c’est mon idole…
Quels sont les projets que prépare MAKMA pour 2015 ?
Edmond Tourriol : Tout d’abord, la suite de Zlatan Style, à paraître en mai. Les deux séries mangas dont je te parlais tout à l’heure n’ont pas de suite prévue dans l’immédiat. On travaille sur d’autres projets dans le même format. J’en parlerai quand ça se concrétisera. En tout cas, il y en aura pour tous les goûts : du shōjo, du shōnen de sport, du seinen d’horreur…
Et puis, en collaboration avec Transtech Aquitaine, nous préparons aussi un livre jeunesse : La Brigade des Inventifs. Pour l’occasion, nous allons innover, puisque nous allons faire appel au financement participatif pour développer ce projet, sur Ulule.
Tu peux nous en dire plus ?
Edmond Tourriol : La Brigade des Inventifs, c’est un peu ce dont on a tous rêvé un jour. On s’est tous, un jour, retrouvés face à un problème, sans savoir comment le résoudre.
Parfois, on cherche longtemps et on ne trouve pas la solution. Parfois on cherche, et on se dit qu’on va acheter un objet, en se disant que c’est la solution. Et parfois, l’objet en question, il n’existe pas encore, parce qu’il n’a pas encore été inventé.
Alors, avec mon collègue scénariste Stephan Boschat, on a imaginé une brigade d’inventeurs qui serait capable de résoudre un tel problème.
« J’ai un problème, comment le résoudre ? Je vais appeler la Brigade des Inventifs pour me venir en aide ! »
C’est ton premier livre jeunesse ?
Edmond Tourriol : C’est la première fois que je vais faire un ouvrage pour les jeunes qui ne soit pas une bande dessinée. C’est intéressant car c’est un public que je n’ai pas l’habitude de rencontrer. À part mes propres enfants, qui commencent à passer l’âge du livre jeunesse. C’est un défi.
Pourquoi un défi ?
Edmond Tourriol : Parler aux enfants, ce n’est pas quelque chose d’évident, c’est un public exigeant. Pas parce qu’il a connaissance de sa propre exigence, mais parce qu’il est difficile à toucher.
Moi qui me suis retrouvé dans la position de lire une histoire à mes enfants, avant qu’ils se couchent, je me suis rendu compte que ce n’était pas si simple. Une BD par exemple, c’est compliqué à lire à un enfant. Il faut qu’il la lise tout seul. On peut jouer les dialogues, mais c’est compliqué. Un livre jeunesse, en revanche, c’est des illustrations, que l’enfant peut regarder, et du texte à coté, que le parent peut lire.
On veut reproduire ce moment privilégié où on se retrouve avec son enfant le soir, en lui racontant une histoire. Une histoire qui va le faire rêver et lui transmettre aussi un savoir, une passion pour l’invention. En sachant que les enfants, il faut arriver à les intéresser et les tenir en haleine.
Ce projet, c’est la continuité du travail d’illustrateur de Samuel Ménétrier sur l’exposition Les Inventifs ?
Edmond Tourriol : Oui, c’est d’ailleurs le travail que Samuel Ménétrier a réalisé avec Transtech Aquitaine sur cette exposition, et ses illustrations, qui nous ont fait penser avec Stephan, que ce projet méritait d’être adapté en livre jeunesse. C’était la continuité logique de cette exposition, et de cette volonté de faire connaître le monde de l’invention au plus grand nombre.
D’autres projets sont-ils programmés sur ce modèle de financement participatif ?
Edmond Tourriol : Je ne sais pas si on peut vraiment parler de modèle, dans le sens où on découvre un petit peu tout ça en ce moment. Tout est possible ; si ça marche, on aurait tort de se priver !
Notre vocation, c’est de raconter des histoires. Nous les proposons en priorité aux éditeurs avec lesquels on a l’habitude de travailler. Mais s’ils ne veulent pas de tel ou tel bouquin, c’est leur choix. On sait que le financement participatif peut nous aider à débloquer une situation.
Une bonne résolution pour l’année à venir ?
Edmond Tourriol : À titre perso, travailler moins sur les histoires des autres (en tant que traducteur) et davantage sur les miennes (en tant que scénariste).
En ce qui concerne MAKMA, j’aimerais qu’on continue à aller de l’avant, en maintenant un haut niveau d’exigence quant à la qualité de ce qu’on livre à nos éditeurs.
MAKMA est le numéro un de l’adaptation française de comics, en traduction et en lettrage, et on compte bien garder cette position. Sur le reste, nous avons encore une forte marge de progression. Alors, il va falloir se mettre au boulot !