Malcolm Max : une traduction de comics de l’allemand vers le français

Publié le 12 juin 2020
Malcolm Max : une traduction de l'allemand vers le français par Camille Gardeil Malcolm Max : un univers mêlant polar et surnaturel.

Il y a quelques jours sortait le premier tome de la série de bande dessinée Malcolm Max, écrite par Peter Mennigen, dessinée par Ingo Römling et éditée en France par les éditions Delcourt. Ces aventures mêlant enquête et surnaturel nous viennent d’outre-Rhin, où le personnage s’est fait connaître sur d’autres médias que la BD. Nous nous sommes entretenus avec le traducteur Camille Gardeil, qui en assure la version française.

Salut Camille ! Alors, un polar surnaturel ? Les Experts s’invitent chez Lovecraft ?

Haha ! Pas vraiment, non ! On n’en est pas à ce niveau d’horreur. Je dirais plutôt un mélange entre Sherlock Holmes et Van Helsing. L’histoire se déroule dans l’Angleterre victorienne. Malcolm Max est un contemporain du célèbre détective de Sir Arthur Conan Doyle, bien qu’il ne soit jamais cité directement, et seulement évoqué de façon plus ou moins détournée. Et il n’est pas question de puissants dieux malveillants : seulement d’éléments ésotériques plus classiques, comme des vampires, de la sorcellerie et du spiritisme.

Malcolm Max : un polar steampunk dans l’Angleterre victorienne

Du coup, étant donnée l’époque, les méthodes légistes sont bien plus modestes ! La technologie de pointe laisse la place à une esthétique steampunk, habituellement associée à la période victorienne. Le style du dessinateur Ingo Römling colle d’ailleurs parfaitement à l’idée qu’on se fait habituellement des univers steampunk, ce qui n’est pas si étonnant pour quelqu’un qui illustre les pochettes de groupes de métal comme Tyr et Alestorm, entre autres.

Malcolm Max : un subtil mélange de polar et de surnaturel baignant dans un univers steampunk.
Malcolm Max : une traduction de l’allemand vers le français signée Camille Gardeil.

 

Ah, le XIXe siècle ! Le langage n’y est pas tout à fait le même que le nôtre !

Exactement ! Ça me change des webtoons et des comics habituels que je traduis ! Pas question d’utiliser la même familiarité que pour des histoires se déroulant au XXIe siècle. Fini les néologismes technologiques et le parler de la génération Y. J’ai dû me rabattre sur des expressions plus archaïques et élégantes. Mais c’est un de mes plaisirs dans ce métier : pouvoir évoluer sur tout le spectre du registre de langue. Et Malcolm Max me donne l’occasion de châtier un peu les dialogues, de piocher dans des mots aujourd’hui largement désuets, ce qui me permet même d’en redécouvrir au fil de mes recherches dans les dictionnaires !

Camille Gardeil : à la recherche d’une traduction naturelle

Toi qui es plus habitué à traduire de l’anglais récent, la langue de Goethe n’est-elle pas trop difficile à traduire ?

Franchement, pas beaucoup plus. L’allemand a l’avantage d’avoir une grammaire somme toute assez simple, et surtout très logique. Ça facilite beaucoup sa compréhension. Le seul « problème », c’est le vocabulaire de l’époque, qui n’est évidemment pas le même que celui que j’ai pu apprendre au cours de mes études. Mais ce n’est pas un obstacle insurmontable. Ça me demande seulement de passer un peu plus de temps dans mes dictionnaires bilingues que pour traduire des histoires de super-héros. Un autre avantage de l’allemand, c’est que la syntaxe est assez différente de celle du français, encore davantage que l’anglais. Ça permet de s’approprier plus facilement le texte, et donc de proposer plus simplement une traduction « naturelle ». Parce que si on ne fait pas ce travail d’éloignement de la version originale, on se retrouve très rapidement avec un texte qui « pue la traduction », c’est-à-dire dans lequel on devine les vestiges de la syntaxe allemande. C’est moins le cas de l’anglais, qui non seulement est syntaxiquement plus proche du français (sans être exactement pareil), mais en plus, a tendance à s’infiltrer dans le langage parlé en France.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur les éléments surnaturels de l’histoire ?

Je ne voudrais pas divulgâcher l’intrigue, mais je peux déjà parler de l’acolyte de Malcolm Max : la ténébreusement ravissante Charisma Myskina, une demi-vampire née de l’union d’un suceur de sang et d’une sorcière. Mister Max n’a pas de pouvoirs extraordinaires autres que son esprit de déduction hors du commun, mais en tant que demi-vampire, Charisma compense son manque d’expérience de la société humaine par, entre autres, une force surhumaine. Et comme dans tout bon univers steampunk qui se respecte, vous pouvez vous attendre à tomber sur des inventions improbables !

Malcolm Max : de la saga .mp3 à la bande dessinée

Comme on le précisait en introduction, Malcolm Max n’a pas fait ses premiers pas dans la BD, mais sous la forme de pièces radiophoniques et de romans audio. Est-ce que ces versions vont aussi être traduites en français ?

Pas que je sache. Mais si c’est le cas, j’adorerais m’occuper aussi de ces adaptations ! J’ai déjà eu l’occasion de travailler sur la traduction d’un roman audio : L’Éclair du Génie, écrit par Kat Rosenfield sur une idée du regretté papa de tant de super-héros Marvel : Stan Lee. J’ai beaucoup aimé l’expérience, et pas uniquement parce que ça permettait en quelque sorte de ramener ce bon vieux Stan d’outre-tombe (quoique l’idée colle assez avec le thème Malcolm Max… mais je n’en dis pas plus) !

Un petit mot pour terminer ?

Viel Spaß!

Danke schön, Camille ! Et au plaisir de retrouver ton travail de traducteur dans un prochain Conan ou sur les webtoons unOrdinary ou Winter Moon ! En attendant, on peut déjà admirer la bande-annonce de Malcolm Max

Retrouvez le premier tome de Malcolm Max, Les pilleurs de sépultures, chez les éditions Delcourt !