Justice League Doom War : interview du traducteur Camille Gardeil
L’album Justice League Doom War est sorti en juin 2020 chez Urban Comics dans la collection DC Rebirth. Reprenant l’intégralité de la saga de Scott Snyder, ainsi que plusieurs one-shots consacrés à certains des plus fameux super-vilains de la franchise, ce superbe pavé sera le compagnon idéal de vos vacances d’été ! Traduit et lettré par plusieurs membres du studio MAKMA, il présente notamment le travail de Camille Gardeil, à qui a été confiée la traduction des épisodes concernant le Sphinx, Sinestro et Lex Luthor. Nous nous sommes entretenus avec lui à propos de son métier de traducteur de comics.
Camille, parle-nous un peu de la saga Doom War !
Camille Gardeil : C’est un événement des plus cataclysmiques dans l’univers de DC ! Le multivers, déjà mis à mal par l’arc précédent, Batman Metal, est encore plus en danger lorsque Lex Luthor commence à fricoter avec Perpetua, la créatrice dudit multivers. Il parvient même à obtenir des dons qu’il décide de proposer aux autres super-vilains de l’univers DC Comics. C’est notamment ce que racontent les trois épisodes dont j’ai eu la charge.
Doom War : l’année du crime
Et donc, tu as traduit les épisodes traitant de trois super-vilains ?
Camille Gardeil : Et pas des moindres ! Sinestro, un des plus fameux adversaires de Green Lantern, dont l’ego n’est égalé que par celui de Lex Luthor, est au centre d’un autre des épisodes que j’ai traduits. Luthor est d’ailleurs un élément central de toute l’intrigue de Doom War, comme je l’ai expliqué. Et enfin, Edward Nygma, alias le Sphinx. Je dois avouer que c’est celui-là que j’ai préféré traduire, notamment parce que c’est un ennemi de Batman, le super-héros que je préfère depuis que je suis tout petit. C’est vraiment un rêve de gosse qui se réalise ! Traduire les bulles prononcées par le Chevalier Noir avait une saveur bien particulière pour moi !
On imagine bien ! Et est-ce que ces super-vilains t’ont donné autant de fil à retordre qu’à leurs super-ennemis ?
Camille Gardeil : Honnêtement, ils ont été cléments avec moi ! Si on oublie le fait de laisser transparaître l’arrogance de ces personnages dans leur façon de s’exprimer, la seule véritable difficulté était la traduction des jeux de mots présents dans le numéro sur le Sphinx. C’est une des autres raisons qui font que j’ai préféré celui-là ! Même si adapter des jeux de mots est toujours un défi, c’est un des aspects que j’adore dans ce métier ! Ça force à se creuser les méninges pour trouver à la fois quelque chose qui fonctionne en français, mais qui reste dans le thème de la version originale, ou en tout cas qui colle au contexte !
De la difficulté de traduire les énigmes du Sphinx
Le plus difficile, ça a été le passage où Batman se retrouve devant un piège de Tut : un mur de brique dont l’une arbore un canard, intimant à notre héros de se baisser (« duck » en anglais veut à la fois dire « canard » et « se pencher »). Le problème, c’est qu’en français, on a pas de mot signifiait à la fois « canard » et « se baisser ». J’ai dû modifier le double sens pour que ça marche. La devinette du début de l’épisode m’a donné pas mal de fil à retordre aussi, cela dit ! À tel point que c’est devenu une charade dans ma version. Mais je vous laisse découvrir les solutions que j’ai trouvées !
Des jeux de mots et des canards ? Ça ne fait pas trop ambiance fin du multivers, tout ça !
Camille Gardeil : Disons que l’épisode sur Nygma est un peu plus léger, comme sied à un personnage dont le super-pouvoir est seulement de trouver des énigmes et des casse-tête pour harceler Batman ! L’ambiance des deux autres est plus sombre. Il faut dire que Sinestro n’est pas du genre à faire du stand-up, et son épisode met en scène des extra-terrestres destructeurs de planète. Ça fait rarement marrer les gens.
Doom War : du plus léger au plus apocalyptique
Quant à Lex Luthor, il part en chasse de ses alter ego d’univers alternatifs. Et, fidèle à lui-même, ce n’est pas pour leur raconter la dernière blague qu’il a entendue au bar du coin. On y découvre des versions intéressantes du personnage. C’est aussi ça, l’avantage d’avoir un multivers : on peut y dépayser le lecteur avec des éléments pourtant déjà connus ! Ces deux derniers épisodes s’intègrent mieux dans le contexte multiversellement apocalyptique de Doom War.
Bon. Mais une apocalypse multiverselle, ça ne signe pas la fin des aventures de DC ?
Camille Gardeil : Haha, il faut lire Doom War pour le savoir ! Mais ça m’étonnerait, et surtout, j’espère que non ! J’aimerais pouvoir à nouveau traduire des comics dans cet univers !
Et nous aussi, Camille, on espère que tu auras l’occasion d’y revenir.
En attendant, nous vous invitons à découvrir le Questionnaire MAKMA de Camille Gardeil !