De Burger Boy à Superboy : la création du studio MAKMA
La boîte de réalisation de BD MAKMA existe depuis 2001. Ce groupement d’auteurs de bande dessinée offre ses services BD à tous les éditeurs qui en font la demande. En cette date de non-anniversaire, Edmond Tourriol, cofondateur, raconte la création du studio MAKMA.
Comment as-tu débuté ?
Edmond Tourriol : Avec Stephan Boschat, le cofondateur du studio, et d’autres dessinateurs, on faisait les salons de BD pour vendre nos fanzines, qu’on proposait aux éditeurs. Mais bon, le fanzine, ça ne nourrit pas son homme… et donc, on a décidé de transformer l’équipe d’amateurs qu’on était en un studio professionnel.
À l’époque vous aviez des boulots à côté ?
Edmond Tourriol : Moi, j’avais un boulot, oui. Je faisais cuire des steaks dans une célèbre chaîne de fast food. J’ai fait ça pendant trois ans. Bon, ce n’était pas un boulot passionnant, mais ça payait les factures.
Ce type de travail, c’est important d’en faire, car on se rend compte après de la chance qu’on a d’être payé pour créer des bandes dessinées, pour traduire des comics. Aujourd’hui, je sais qu’il y a des gens… leur métier, c’est de faire cuire des steaks, alors je n’ai pas à me plaindre !
Et vous avez donc décidé, toi et Stephan, de vous lancer dans la création du studio MAKMA ?
Edmond Tourriol : On a décidé d’être pro, vraiment, pour de bon. Une sorte de sélection naturelle s’est faite au sein de l’équipe. Et de l’équipe des débuts, on s’est retrouvé… deux : Stephan et moi, qui voulions vivre de la BD, et c’est devenu notre principale activité.
C’est facile de monter un studio de BD professionnel ?
Edmond Tourriol : Non… ça a été un vrai combat. On a eu beaucoup de mal à démarrer, et à trouver un équilibre. En commençant, on pensait qu’il suffisait de créer une société pour gagner de l’argent… Et pendant les premiers mois, on a surtout perdu de d’argent… plein d’argent !
Presque tout notre capital de départ y est passé. Il fallait alors 50.000 francs de l’époque pour monter une SARL, et avant la fin de la première année, il ne nous restait même pas 10.000 francs ! On a quasiment englouti tout ce qu’on avait mis dans la création du studio MAKMA !
Mauvais investissements, promo, le salaire à mi-temps qu’on me versait, alors qu’on faisait le double ou le triple du temps normal, on perdait vraiment plein d’argent.
Et comment as-tu réussi à remonter la pente ?
Edmond Tourriol : Un jour, on a mis le doigt dans la traduction de comics, et ce jour-là, ça a été l’instant décisif. On a commencé à équilibrer les comptes à partir du moment où on est devenus prestataires de services BD.
Fin 2001, par le biais d’un ami, j’ai rencontré les gens des éditions Semic. Je les connaissais déjà un peu, en les croisant dans les salons et festoches BD, avec notre équipe d’amateurs, quand on présentait des fanzines.
Je les ai rencontrés, en me disant qu’enfin nos BD allaient être publiées. Mais ce qu’ils voulaient, en fait, c’était me proposer un boulot de traducteur BD pour leurs comics !
Ce n’était pas tout à fait ce que tu avais prévu ?
Edmond Tourriol : Pas du tout ! Mais je n’ai eu aucun mal à m’adapter. J’ai appris à parler anglais dans les comics. Plus jeune, quand on me demandait quel métier je voulais faire plus tard, je répondais dessinateur, alors que ce que je voulais vraiment, c’était être scénariste des X-Men. Bon… j’en suis devenu le traducteur, sur une bonne fournée d’épisodes, c’est pas mal !
Et ça a marché ?
Edmond Tourriol : Oui, plutôt bien. Quand j’ai eu fait mes preuves, on m’a commandé de plus en plus de boulot, et la traduction est devenue le cœur d’activité du studio pendant plusieurs années. Nous étions devenus une véritable agence de traduction de bandes dessinées : ça nous a permis de nous lancer.
On s’est spécialisés dans l’adaptation de comics américains vers la version française, en faisant la traduction, puis le lettrage. On a aussi lettré des mangas, et on a surtout une équipe pour attaquer la réalisation de bandes dessinées, à part entière : en tant qu’auteurs. Scénario, dessin, couleur… la totale.
Aujourd’hui, on collabore avec une trentaine d’artistes, avec les scénaristes, les dessinateurs, les coloristes, les lettreurs. On a fait du chemin, depuis la création du studio MAKMA !
Que t’ont appris ces débuts difficiles lors de la création du studio MAKMA ?
Edmond Tourriol : On a compris quelque chose. Au départ, on se positionnait vraiment comme un studio de création pure. On voulait même devenir éditeurs. Mais on s’est rendu compte que ce n’était pas notre métier et qu’on ne savait pas faire. Alors on s’est adaptés, en acceptant des commandes. Dans un premier temps, de traduction, de lettrage, qui nous ont permis de réaliser des projets à côté, qui nous tenaient à cœur. Dans un second temps, on a aussi commencé à réaliser des BD de communication, pour les entreprises. Et aujourd’hui, on a trouvé notre équilibre en alternant travail de commande et travail de création BD.
Merci, Ed ! Et rendez-vous très bientôt pour parler de tes projets de création de manga français !
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